POÈME DES CAMARADES
Extrait 1
JE veux inventer une respiration avec de l'argile tendre et les
poumons des fougères — je prends toute vie à mon compte.
Oh mes frères je ramènerai l'infini sur les canaux bas de votre
misère
où vos morts dérivent au fil des chaînes lentement sous les
palétuviers.
J'ai fait route à tâtons au fond des matins brumeux
Des champs de bruyère douce et de genêts ondulent dans
mes mains devant mon Dieu
Je suis barré de fleuves et de rizières et de hauts-lieux cou-
ronnés d'arsenaux, j'entends tomber les guerres au puits du
silence une à une
…