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Citation de SZRAMOWO


Une épouvantable misère succéda aux cyclones. Ceux de ma génération s'en souviennent encore. Toute l'île baignait dans la faim. Que de longs regards sur les chemins ! Des couteaux ! et qui vous suivaient, qui pointaient vers vos omoplates ou venaient au-devant de vous à hauteur d'estomac — tous ces gens, tous ces estomacs qui vous haïssaient d'avoir mangé. Je revois les cortèges de chômeurs allant de porte en porte, ne sachant même plus mendier, à la fois menaçants et peureux ; celui-là notamment où les hommes portaient en guise de bannière le sari jaune d'or d'une Malabaraise attaché à une gaule de bambou. Ils criaient que ses jumeaux étaient morts de privation et que Dieu les mutliplierait par cent mille dans la vengeance et comme chacun j'appréhendais l'émeute, tout en me prouvant que ces malheureux étaient trop faibles pour tenter quoique ce fût. De temps à autre la femme elle-même prenait la tête de la procession, demi-nue, ses seins flasques lui pendant presque sur le ventre, hurlant et invectivant, par moments se roulant dans la poussière — hystérique — jusqu'à ce que les policiers la ramènent à la raison à coups de gourdins et de ceinturons, bien plus pour l'obscénité de son attitude que pour le reste. Alors elle avait de rauques plaintes, un peu comme les appels d'un oiseau de mer à l'époque de la pariade.
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