C'est quoi un Caldoche ? Et un Zoreil ? et un Kanak ?
Interview de Luc Deborde par Kim Jandot-Faberon sur NC la 1ère, le 19/10/2022 à l'occasion de la parution du livre "Le temps suspendu, une autre histoire du rêve indépendantiste en Nouvelle-Calédonie".
Sans doute prévenu de notre arrivée, Lord Byron vint nous accueillir en personne.
Je l’avais croisé cinq ans auparavant à l’occasion d’un salon littéraire, et bien qu’il fut désormais légèrement grisonnant, je constatai qu’il faisait bien dix ans de moins que lors de cette dernière rencontre. Il en est ainsi avec les gens dont la réussite atteint son point culminant : elle efface les rides des amertumes et des échecs précédents.
Comment décrire l’horreur que je ressentais face à ce qui venait de se produire ? Agité par de nouvelles vagues de nausées, je me repassais en boucle les dernières paroles du pauvre Berkham : Vous n’avez pas idée de l’abomination que vous êtes. Longtemps après avoir repris mon souffle, longtemps après que ma panique se soit atténuée et qu’elle ait enfin laissé mon corps se déplier, je gardais en moi un intense sentiment de honte, de tristesse et de dégoût.
La scène était figée dans une immobilité parfaite. Mais les postures des corps, et les scénarios mortels qu’elles évoquaient, laissaient deviner la violence inouïe que ces lieux avaient connue. Il n’y avait rien d’humain dans la façon dont Byron avait perpétré ce massacre.
Je décidai tout d’abord que ma position de prisonnier avait assez duré et que je devais ramener mon agresseur à un comportement plus aimable.
— Enlevez-moi ces liens, lui demandai-je.
— Pas question ! Je ne sais toujours pas à quoi m’en tenir en ce qui vous concerne.
— Oh, oui ! C’est vrai ! Vous me soupçonnez d’être un demi-dieu et vous vous dites qu’en m’attachant les poignets vous allez m’empêcher d’utiliser mes pouvoirs. C’est bien ça ? Il ne répondit rien, mais je vis à son expression qu’il réalisait à quel point ses précautions étaient ridicules.
Je commençais désormais à ressentir un malaise pénible, face à tant d’éléments mettant mon bon sens en échec. Je fus presque tenté de me laisser tomber dans un état de léthargie passive, étant donné mon évidente incapacité à anticiper ou à gérer ce qui advenait sans cesse.
C’est à cet instant précis que tout bascula.