Tu étais née le neuf novembre, deux jours avant l'armistice d'une horrible guerre, en l'absence de ton père, terré dans les tranchées. Tu as traversé ta vie comme on fuit un champ de bataille. Tu es repartie, aussi anonyme et orpheline qu'à ton arrivée, le neuf février, dans le froid de la solitude et de l'indifférence, un peu avant midi. À huit cent trente kilomètres de toi, j'ai su avec certitude. Cette douleur dans mon coeur ne pouvait être que toi. La chatte a su aussi. Elle a bondi en haut de la bibliothèque vitrée.