Lucie Goudin

J'avais failli le perdre. Je peinais encore à réaliser l’ascenseur émotionnel subi par mon cœur.

Impatiente, au comble d’un bonheur retrouvé, je me dressai sur la pointe des pieds et cueillis un tendre baiser sur ses lèvres que je découvris salées.

Il pleurait. Moi aussi.

Était-ce réel ? Ne m'étais-je pas endormie pour toujours sur un lit blanc, froid, au cœur d’une nuit particulièrement éprouvante ?

Il me fallait plus que cette union de nos bouches pour m’assurer qu’il était bien là, vivant, devant moi.

Avec un empressement rare et des mains tremblantes, j’abaissai la Fermeture éclair de son manteau.

— Euh... capitaine ? intervint Lewis, m-amusé, mi-gêné.

Kragen leva la main, lui signifiant par là de se taire. Lewis obéit. Kragen ne m’avait pas quittée des yeux, je sentais son regard brûlant posé sur moi pendant que je m’affairais. Dans ma précipitation, je coinçai à plusieurs reprises la fermeture.

— Heaven, qu’est-ce que tu fais ? me demanda-t-il.

— Je veux le sentir battre.

Enfin, je posai ma tête contre son torse puissant, là où je perçus les battements de son cœur.

Je l'avais retrouvé. Définitivement.