- J’énerve tout le monde, riposta-t-il, un sourire satisfait sur les lèvres. Et par la même occasion, je les fascine tous.
- Qui te dit que tu me fascines, hein ?
- Si je ne te fascine pas, pourquoi as-tu constamment tes yeux rivés sur moi ?
Je restai un instant bouche bée avant de grommeler :
- Je fomente ton assassinat.
À de nombreuses reprises, j'avais appris qu'il fallait d'abord vivre pour soi. Si je ne le faisais pas aujourd'hui, si je ne me battais pas pour elle, alors que mon cœur résistait au pire grâce à notre amour, je le regretterais toute ma vie. Si je la perdais, mon existence tomberait dans un puits duquel je regarderais le ciel sans pouvoir atteindre mes rêves. Sans elle, je vivrais les yeux éteins, le cœur en lambeaux.
Le signal d'assaut avait dû être déterminé avant leur arrivée. Ils n'eurent aucune seconde d'hésitation, pas le moindre questionnement sur la signification d'un tel geste. Ils n'avaient donc jamais eu l'intention de repartir sans semer un carnage. Les transformations se multiplièrent. Les hurlements, les grognements, les mâchoires qui claquaient dans le vide en signe d'impatience créèrent une cacophonie sans précédent.
Tant qu'elle savait qui elle était vraiment, ce qui la définissait, elle restait Heaven, une combattante hors pair avec un passé douloureux et un avenir qui ne pouvait que s'annoncer plus prometteur.
Ces créatures, malgré leur aspect répugnant et leur voracité alliée à la cruauté, conséquences des actes des hommes, n’avaient pas mérité les mauvais traitements, l’enfermement à perpétuité dans une cage et cette mort. Comme les armes nucléaires de jadis, elles n’avaient été confectionnées dans des laboratoires que pour être des armes de dissuasion. Hélas, toutes les deux avaient fini par être utilisées pour montrer qui était le plus fort.
Et qui était le plus fort ? Personne. Tout le monde finissait par disparaître un jour. Pour la première fois de leur existence, ces animaux avaient vu le ciel. En quelques heures à peine, l’immensité avait été témoin de leur fin. Quant aux prisonniers envoyés aux Racines, gouffre d’obscurité, ils avaient oublié la beauté de l’extérieur, de ce lointain paysage. Des chanceux, comme mon frère et ses amis, s’en étaient échappés. En revanche, beaucoup avaient élu cet endroit comme leur tombeau. Toutes ces pensées, jaillies en quelques minutes seulement, me nouèrent les entrailles. La beauté résidait en ce monde, sauf que les hommes n’en étaient pas dignes. Ils n’avaient que le droit de régir leur vie, mais ils s’entêtaient à faire main basse sur celles des autres.
Je lus dans son regard une détermination que personne n'aurait pu manquer. Mélanger cet ingrédient à un amour indéfectible permettait d'obtenir une femme plus dangereuse que les guerres et les maladies réunies.
"Ces créatures, malgré leur aspect répugnant et leur voracité alliée à la cruauté, conséquences des actes des hommes, n’avaient pas mérité les mauvais traitements, l’enfermement à perpétuité dans une cage et cette mort. Comme les armes nucléaires de jadis, elles n’avaient été confectionnées dans des laboratoires que pour être des armes de dissuasion. Hélas, toutes les deux avaient fini par être utilisées pour montrer qui était le plus fort. Et qui était le plus fort ? Personne. Tout le monde finissait par disparaître un jour. Pour la première fois de leur existence, ces animaux avaient vu le ciel. En quelques heures à peine, l’immensité avait été témoin de leur fin. Quant aux prisonniers envoyés aux Racines, gouffre d’obscurité, ils avaient oublié la beauté de l’extérieur, de ce lointain paysage. Des chanceux, comme mon frère et ses amis, s’en étaient échappés. En revanche, beaucoup avaient élu cet endroit comme leur tombeau. Toutes ces pensées, jaillies en quelques minutes seulement, me nouèrent les entrailles. La beauté résidait en ce monde, sauf que les hommes n’en étaient pas dignes. Ils n’avaient que le droit de régir leur vie, mais ils s’entêtaient à faire main basse sur celles des autres."
En ranimant mon amitié avec les filles du groupe, j'avais fait un grand pas. En acceptant de danser sur nos chorégraphies, j'en avais fait un deuxième. En partageant mon lit avec un autre homme que Maxence, j'étais allé de l'avant. En écrivant des paroles, je marquais un véritable tournant. Je pris alors conscience que je n'avais pas été morte pendant ces trois dernières années.
Ce fut à l'instant où je voulus m'enquérir de l'heure que je réalisai que tout, ou plutôt rien, me frappa de plein fouet.
Sélène fit de son mieux pour ne pas songer au jour où sa louve prendrait définitivement le contrôle, où plus personne ne pourrait l'aider à revenir à la surface, où elle deviendrait un danger à la fois pour tous et pour elle- même.