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Citation de gigi55


"Rome a grandi sous trois régimes.
La monarchie d’abord (- 753 à - 509) ; mais le règne du dernier Tarquin rendit les Romains allergiques au mot même de roi, comme en témoignent Tite Live et Cicéron.
Vint alors la république sénatoriale (- 509 à - 27). En droit, l’exécutif était réparti entre magistratures électives : consuls, questeurs, préteurs, censeurs. En fait, sur fond de conquêtes (Afrique, Gaule, Espagne, Orient hellénistique) profitables aux intérêts des grandes familles plus qu’au « peuple romain », la démocratie tourna vite à l’oligarchie ploutocratique, peu soucieuse de la «Rome d’en bas»... D’où plus d’une crise entre possédants et proletarii, gens qui ne pouvaient compter que sur leur descendance (proies) pour vivre. L’instauration d’un tribun de la plèbe ne suffira pas à normaliser les rapports. Et quand on voit Caton l’Ancien, parangon de la vertu ancestrale, énumérer dans son Traité d’agriculture « la vieille vache, le vieil esclave » comme biens sur quoi ne pas perdre à la revente, on comprend mieux l’épisode Spartacus (73-71 av. J.-C.). Et l’on est moins tenté de voir la République romaine comme on l’imaginait en 1789. Ajoutons l’absence d’une administration responsable dans les territoires conquis, ce qui ouvrait la voie à tous les détournements ; la montée en puissance des légions, dont les chefs étaient tentés de se mettre à leur compte ; la prolifération aussi des aventuriers de la politique dans une société instable. Ainsi, on ne s’étonnera pas que, de scandales en empoignades et règlements de comptes entre factions, la République ait basculé dans une guerre civile de cent ans.
Puis ce fut la mise en place de ce qu’on appelle l’empire (27 av. J.-C. à 476).
«Rome doit beaucoup aux guerres civiles», chante Lucain dans la Pharsale... Et, paradoxalement, un régime qui va prolonger de cinq siècles son destin. Vainqueur à Actium (31 av. J.-C.) d’Antoine, qui autrement, en compagnie de Cléopâtre, se fût approprié tout l’Orient romain, le jeune Octave, un petit-neveu de César, prend les affaires en main. Un coup d’Etat ? Que non ! Il savait trop ce qui était arrivé à oncle Jules pour avoir tenté, à ce qu’on disait, de restaurer la monarchie. On ne touche pas à la république. Le Sénat, les élections, les magistratures, tout reste en place, garanti
SPqR . Simplement, Octave se laisse confier tous les pouvoirs par le Sénat, avec en plus l’air de les refuser. A la rigueur, il veut bien être princeps, le premier des sénateurs. De tout cela, il s’explique dans les Res gestae, un testament gravé ici et là en latin et en grec. Du grand art : les apparences sont sauves, les fantasmes démocratiques aussi, et cette géniale astuce des magistratures rassemblées sur une seule tête va être reconduite cinq siècles durant par cinquante-huit « princes » aussi différents qu’il se peut. Tous porteront le nom de César et le surnom d’Auguste, dont Octave, le premier, fut décoré. Ce que nous appelons « l’empire » était né.
Lucien Jerphagnon – Roma Aeterna – dans Connais-toi toi-même p. 98-99
Allbin Michel - 2012"
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