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Citation de SZRAMOWO


L’Endroit Unique
Quand le vieux est mort, au premier jour de sa retraite, le lendemain de son pot d’adieu, ça a chuchoté sec. Notre ville s’étale, elle gagne des habitants, mais c’est un trompe-l’œil : nous sommes toujours le même nombre de familles à savoir, à nous tenir les uns les autres, à porter haut le respect ou la rancœur. La ville, la vraie, a brui tout entière quand il est mort, coquin de sort, lui qui avait bossé toute sa vie. C’est comme ça que j’ai su que la place était libre. Je sortais de l’hôpital et la guérite du vieux était justement dans le secteur que j’avais circonscrit comme viable. J’en avais discuté un peu avec le psychologue du Centre de Rééducation Fonctionnelle (visites 12h-20h, fleurs fraîches et animaux vivants interdits), entre deux plateaux techniques, et on était tombé d’accord sur le fait qu’il me fallait un boulot peinard, un truc qui ne m’oblige pas à quitter le centre-ville, un endroit où rien ne bouge, un ravalement de façade par-ci, un changement de sens de circulation par-là. N’importe quoi qui me tienne éloigné du bord de mer et du béton en barres. Je ne pouvais pas prendre le risque de disjoncter à nouveau. Alors la place du vieux, même si je me doutais bien que ça n’emballerait pas mes parents, ce n’était peut-être pas une mauvaise idée. J’ai décidé d’aller y faire un tour pour me rendre compte, ça faisait un bail que je n’étais plus passé devant, et la dernière fois les circonstances ne portaient évidemment pas à l’observation objective, puisque c’était pour la mort de mon grand-père.
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