De toutes les choses que j'avais vues, le crâne était la première qui parût en mesure d'ébranler ma vision du monde. Sa taille et son apparence incroyable, les décorations barbares dont l'homme et la nature l'avaient orné au fil des siècles, ces graffiti de mousse et de lichen, ces enluminures de jade laiteux et d'onyx noir, ces crocs gainés de vert-de-gris, cette gueule recouverte d'arabesques fanées, appliquées par quelque tribu disparue depuis des lustres, tout cela éclairé par la lueur mouvante des torches ... à un instant donné, je croyais découvrir le visage grotesque d'un clown, un gigantesque masque de mardi gras en papier mâché, l'instant d'après je frémissais de terreur, persuadé qu'il allait s'animer et hurler. [Le crâne]