Malheureusement, j'ai trouvé cette étude bien trop longue par rapport au sujet observé, à savoir le supportérisme à distance de l'Olympique de Marseille. J'ai bien compris que l'auteur avait pour volonté d'écrire un ouvrage sur un sujet peu exploité, mais j'ai trouvé pour le coup qu'il avait été quelque peu surexploité. Dans tous les cas, l'ouvrage est bien renseigné, rempli de témoignages, et évoque de très nombreux aspects du supportérisme (bien que je n'adhère absolument pas au concept de supportérisme à distance).
Commenter  J’apprécie         30
Le supporter est un animal bizarre. Comment expliquer que des hommes(*) en apparence normaux et civilisés dans la vie courante, se transforment en excités hurlants, en ultras, voire en hooligans, lorsqu'ils se retrouvent au stade? Il y a là de quoi s'interroger.
Comme pour tout ce qui concerne la sociologie, le comportement humain, la réponse est loin d'être simple. Ce petit bouquin essaie de trouver si ce n'est des solutions, du moins quelques explications à la psychologie des supporters. Comment devient-on l'un d'entre eux? Souvent, parce que les parents étaient eux-mêmes supporters, qu'ils ont donc habitué leur progéniture à aller encourager leur équipe favorite au stade. Mais pour autant, cela ne veut pas dire que l'on deviendra fan de la même équipe que son papa: on peut aussi être infidèle. Qu'une équipe réussisse un parcours notable, comme St-Etienne dans les années 70, et des clubs de supporters émergent un peu partout dans l'hexagone...
On pourrait penser que les supporters se recrutent surtout parmi les classes populaires, peu éduquées, mais ce serait trop simpliste. Plus important semble être le sentiment d'appartenance à un groupe, le désir de faire valoir une identité, typique par exemple de Marseille.
Le livre met aussi en valeur le rôle des médias, de la télévision, et des vedettes, pas seulement les joueurs, mais aussi les leaders charismatiques qu'ont pu être Tapie ou Max Guazzini.
Un des aspects intéressants de cet essai est la place donnée à l'analyse de la violence des supporters, que l'on peut considérer parfois comme un exutoire. Les clubs ont été à l'origine de la création des associations de supporters, ils en profitent encore (ne serait-ce que par la vente de produits dérivés) mais d'un autre côté, les supporters se retournent parfois contre les dirigeants. Quant à l'État et aux autorités, qui ont à traiter le problème de la violence, on voit qu'ils sont passés d'une stratégie de répression à une tactique de prévention, notamment en renforçant les contrôles d'accès aux stades, et en prononçant des interdictions d'accès. On ne peut qu'en déduire la propension de l'Etat à infléchir sa politique sécuritaire dans d'autres domaines, bien au-delà du sport: c'est par exemple, l'interdiction des manifestations.
(*) car les supporters sont masculins, en une écrasante majorité. Les femmes n'éprouvent guère le besoin d'aller hurler dans les stades... C'est sans doute révélateur. Il faudrait un autre bouquin et des tas d'études pour analyser cet aspect de la question, qui est juste évoqué ici en quelques pages savoureuses, décrivant les stratégies utilisées par les quelques femmes qui veulent se faire accepter dans les groupes de supporters.
Commenter  J’apprécie         36