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Citation de PatriceG


Ludovic Massé
C'est drôle quand ce sont les réfractaires à la guerre qui vous la racontent :
" J'ai assez fait l'empereur, il est temps que je fasse le général" dit-il quand la situation s'aggrave.
Il est le cerveau, le moteur,. l'âme de la plus grande armée du monde. Autour de lui, Murat, Ney, Davout, Berthier, des princes, des maréchaux, des hommes quelquefois grotesques dans l'inaction mais sublimes dans la bataille, un monde de roturiers et de palefreniers élevé aux plus hauts grades, et qui. s'il garde quelquefois de la vulgarité dans le propos, retrouve à l'heure du combat toute la noblesse du courage. De l'autre côté, un Koutouzov balafré, borgne, podagre, qu'on croirait perclus de toutes les infirmités de la chair et de l'imagination ; les archiducs, des princes hautains dont les théories, les initiatives et les intrigues viennent se briser contre l'entêtement, la confiance apparemment candide du chef suprême ; et puis l'armée, un peuple grouillant d'officiers et de soldats, la race patiente, rusée, héroïque, indomptable, qui attend dans les neiges, la boue et le sang que le destin lui fasse signe.
C'est d'abord, après le passage du Niémen, les terribles combats de Viazma, de Smolensk, de Borodino, des luttes si meurtrières que le vainqueur en sort encore plus titubant que le vaincu, d'effroyables hécatombes aux lieux mêmes où les armées d'Hitler viendront trébucher cent trente années plus tard, à Mojaisk, à Novokolansk, à kalouga, noms poisseux de souvenirs et de sang, noms aussi auréolés de gloire que Jemmapes et que Valmy. Puis c'est l'entrée à Moscou, l'attente des négociateurs, le guet-apens, l'incendie de Rostoptchine, la faim, l'assassinat, les fusillades, le désordre et la mort. C'est enfin la retraite, la déroute, l'anéantissement de l'armée qui a conquis le monde. C'est alors que surgit des ténèbres et des contraintes où koutouzov le tenait cloîtré, ce peuple de cosaques et de moujiks, astucieux, vaillant, vindicatif. Pas de tactique générale, pas d'ordres précis. L'initiative privée, la ruse, la fougue, l'esprit d'aventure, le goût de la chasse, dix siècles d'hérédité indomptable, dressent ces bandes farouches autour de colonels de vingt ans. C'est la poursuite, l'embuscade, le massacre au milieu des bois et des plaines glacées, au bord des rivières en crue. Les francs-tiueurs de kalouga font écho aux guérilleros de Saragosse, annoncent les corps francs de Pologne et de Tchécoslovaquie, les partisans d'Ukraine et de Russie blanche, les maquisards de Glières et du Vercors. C'est à ces hommes qu'à Vilna, à la fin de la campagne, cependant que Napoléon, rentré précipitamment à Paris, essaie de ranimer le brasier de sa puissance, c'est à ces hommes que le tsar viendra dire ces parles qu'on croirait actuelles : " Vous n'avez pas sauvé la Russie seule, vous avez sauvé l'Europe !"

Bon je ne vais pas m'appesantir sur la chose : manifestement cette partie "guerrière" du texte de Ludovic Macé est faible. Quand on y trouve en plus ce genre de propos de Romain Rolland rapportés par l'auteur : "L'intelligence s'est souvent trompée. Il avait le génie du regard et du coeur !". Il le voit, dit Macé, comme Rousseau, "assis sur les ruines d'un vieux monde qu'il a contribué à miner, au seuil d'un monde nouveau dont il a , sans le vouloir préparé la venue.." S'il y a bien quelqu'un à qui on ne puisse reprocher cela, c'est bien Tolstoï : il n'a cessé de prévenir, de proposer des réformes, des milliers de pages de ses traités didactiques en attestent. Ses propos se sont radicalisés ensuite quand il voyait que le pouvoir restait sourd à ses requêtes. il ne rêvait même pas en voulant pour son prochain non pas un bonheur dans l'eau de delà, mais tout de suite et sur terre. Non Tolstoï était bien au dessus de ces contingences, c'est même lui faire injure que de tenir pareils propos qui sont indignes

Quand à Rolland, s'il y a bien quelqu'un qui s'est souvent trompé en restant en marge du peuple et en disant n'importe quoi sur lui par une empathie vraiment plus que discutable, le peuple ou les peuples puisque Monsieur avait des prétentions mondiales, je crois que l'histoire a jugé déjà puisqu'elle l'a déjà oublié, chute accélérée d'ailleurs par sa connivence avec la politique "le nez dans le guidon" et Staline. Ce qui explique une prétendue amitié de trente ans avec Stéfan Zweig à laquelle on peut défalquer une bonne dizaine d'années. (Dès les années 30, leur amitié ne tenait qu'à un fil si ce ne fût le déférence de l'écrivain autrichien envers Rolland due à l'âge et à une forme d'antériorité paternelle. Et quoiqu'il en soit les amitiés de 30 ans on sait ce que ça vaut !)
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