Sous la double influence de l’histoire de l’Église tridentine et des intellectuels
des xviiie
-xixe
siècles, qui des Lumières à Durkheim contribuèrent à faire émerger
le fait religieux en tant qu’objet d’étude et la religion comme une réalité conceptuelle
ancienne inhérente aux sociétés humaines, nous concevons facilement que le terme de «religion»
désigne les modalités de la communication entre deux mondes, ceux du profane et du
sacré1
. C’est oublier que l’étymologie du mot est discutée depuis l’Antiquité et que notre vision
reprend celle de Lactance2
, alors qu’un siècle après lui Augustin était encore très circonspect
lorsqu’il rappelait le sens usuel d’un terme exprimant «le respect que nous avons de ce qui
rapproche les hommes»
Il faut parler de racines au pluriel car il y en a tant. En ce sens, quand j'entends parler des racines chrétiennes de l'Europe, j'en redoute parfois la tonalité, qui peut être triomphaliste ou vengeresse. Cela devient alors du colonialisme. Jean-Paul II en parlait avec une tonalité tranquille. L'Europe oui, a des racines chrétiennes. Le christianisme a le devoir de les arroser, mais dans un esprit de service comme pour le lavement des pieds. Le devoir du christianisme pour l'Europe, c'est le service.