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Citations de Luis de Miranda (21)


L’eau, se dit-elle, coulait avec la même intensité d’un côté comme de l’autre, à d’infinitésimales variations près, mais à l’ouest du pont, loin, il y avait l’océan où tout se perd, tandis que quelque part à l’est, il y avait la source où tout semble encore possible. Remonter le courant ou se laisser porter par lui ? Revenir vers l’origine, avant toute mort. Avancer à contresens, s’écouler ou rester en équilibre sur le pont ? Souvent, elle ne supportait plus son corps, cette chair renversée, trop longtemps victime. Elle redressa la tête, tourna les yeux vers le musée du Louvre, et sentit qu’elle n’avait d’autres choix que d’aller vers le nord.
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Derrière la pulsion vers la reconnaissance médiatique la plus vulgaire – c’est-à-dire celle qui s’appuie sur les mêmes masses – se cache en réalité un désir de disparaître, d’être englouti par la matrice sociale la plus infantilisante. Un jour, les masses comprendront que le mimétisme, la volonté de copier des modèles plus ou moins futiles, fût-elle source d’émotion, est une manière de mort vivant. Un jour, les masses comprendront que la soif de créativité ne se satisfait durablement que de changer réellement le monde, fût-ce à une échelle locale. Ce jour-là, on pourra dire qu’aura vraiment commencé le siècle de la créativité.
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Partout, sous couvert de créativité, s’étend le mimétisme le plus stérile, tantôt aveuglé par la fausse singularité des pseudo-tribus, tantôt endoctriné par telle ou telle marque ou campagne publicitaire. Et le capitalisme en profite, comme il a toujours su profiter de nos désirs fantasmatiques
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le capitalisme romantique, qui tout en repoussant sans cesse par l’artifice spectaculaire les limites de l’impossible, nous murmure à l’oreille : l’aventure peut être personnelle et privée ! Le héros, c’est bien toi ! À raison d’un film d’évasion par semaine, l’individu à la mauvaise foi enchantée peut se maintenir dans l’illusion qu’il est bel et bien un mutant, un Autre.
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Mon frère ouvrait les volets au saut du lit pour respirer la chlorophylle et la brume. Les yeux aveuglés par la lumière, il humait cette atmosphère qui le laissait ému et surpris. Elle condensait des notes vertes et affûtées. Quelques jours plus tôt, dans la forêt, il était tombé sur un chevreuil qui l’avait regardé un instant dans les yeux, avant de disparaître en boitillant. Jusqu’à quel point, se demanda-t-il, le monde tel que nous le percevons est-il le reflet de notre paysage intérieur ? Le chevreuil blessé allait-il devenir cerf, ou continer à boiter jusqu’à la mort ?
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L’inventeur Raymond Kurzweil estime que le téléchargement complet du cerveau vers un ordinateur sera possible d’ici 2045, ce qui rendra notre esprit immortel. Le problème est que personne ne connaît précisément la quantité de conscience stocké dans la structure neurale du cerveau et personne ne sait si une « substance mentale » spécifique ou « âme » est nécessaire au bon fonctionnement de l’esprit […]
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J'ai forgé en 2007 le néologisme de Créel pour indiquer que le Réel n'est jamais figé en soi, qu'en tant qu'il est figé, c'est déjà une peau morte, un décor sans vie, du passé. Être, c'est créer.
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Malgré notre conformité pesante à un mimétisme de surface, malgré le cynisme médiocrement hautain du nihilisme, chacun de nous reste une planète, un assemblage unique et disparate. Chacun de nous est un monstre baroque, composé de mille points d'expérience modulés en un assemblage unique et mouvant. Nous sommes chacun un monstre de Frankenstein singulier poursuivant sa fiancée fantasmatique, l'image aimée d'un monde où notre âme pourrait habiter comme chez elle. Internet est ses urgences spontanéistes exhibent plus que de raison notre effort pour trouver notre monde frère.
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L'ennui est, autant qu'un désir de joie, un désir d'autres règles du jeu : la volonté de dépasser les déterminations mécaniques, de sauter hors de soi-même, de plonger dans le fonds vital pour en ramener des possibilités neuves.
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Pour dépasser notre aporie, nous devrons sans doute minimiser l'importance de l'identification subjective limitée au corps humain désigné par un nom, abandonner le nominalisme de la carte d'identité et de la compétition, pour devenir les coauteurs magiques d'un vaste logiciel libre, d'un symphonie que nous composerions tout en jouant. En somme, devenir pure émotion et pure action à la fois.
Nous ne proposons pas tant d'évacuer la notion d'être et le principe d'individuation que de les étendre au-delà du sujet consommateur, vers des idées épiques ou harmonieuses et les projets cosmopolitiques. Ne cherchons plus à être quelqu'un en nous construisant contre les autres, ce qui est toujours une forme de faiblesse et de bêtise. Et si malgré tout la passion de nous affirmer persiste, alors devenons chef d'orchestre, compositrice, organisateur, harmonisatrice.
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La notion de destin est dynamique. Il ne s'agit pas de se placer comme un sujet face à un objet qui serait le destin et ses manifestations, mais de rejoindre le cœur même du devenir, là où le créel est agissant et se donne à l'entente : dans la vibration du Verbe.
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Le créalisme, c'est le constat que l'humanité porte en elle, irréductiblement, une certaine idée d'un paradis présent, habitable et sensible. Est-ce un idéal d'esclave ? Peut-être. Mais il est préférable d'être un esclave qui songe à briser ses chaînes en chantant plutôt qu'un faux maître qui finira par être l'esclave sourd d'un monde auquel il n'a fait que s'adapter.
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Refuser d'être un néon, un produit aisément repérable, un faire-valoir identifiable de la réalité capitaliste, c'est être condamné à errer dans le purgatoire des invendus. (...)

Le développement de soi est un secteur économique florissant, porté par la volonté du consommateur de devenir un être lumineux et positif, luisant et attirant.
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L'histoire de la pensée n'est pas peuplée de clercs secs et pointilleux, de machines austères à la rigueur grise, mais d'affirmateurs volontaristes et sensuels, de créatures visionnaires et un peu monstrueuses, de titans prophétiques, élaborant leur système du vécu à la manière de boxeurs, contre un monde qui sans cesse leur donne des coups sur la tête ou sous la ceinture. (...)

La philosophie est la fidélité active à cette double idée : la société est toujours idéologique, et toute idéologie est substituable. Rien de plus éloigné des vrais philosophes, toujours révolutionnaires, que ces petits manuels conservateurs et comiques, écrits par des surdiplômés dégénérescents ou des amateurs philistins, et qui prétendent nous aider à mieux vivre en nous adaptant avec un sourire mou au monde comme il va.
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Ce questionnement n'est jamais neutre, comme l'a démasqué Nietzsche au XIXème siècle : un philosophe sérieux est toujours un animal politique ; il vise à faire du monde l'écho de soi-même et de soi-même l'écho du cosmos, le plus honnêtement possible, c'est-à-dire en étant fidèle à ce qui fait de nous des enfants de l'infini.
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Exister, ce serait s'extirper de l'être préfabriqué pour avancer dans l'inconnu, faire émerger l'inouï, oser l'illogique ou l'impression qui fécondera une logique plus subtile, articuler ensemble le sens et le non-sens.
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Certes, l'évolution globale de la liberté humaine n'est pas toujours flagrante - ainsi avons-nous mis 200 ans à passer de la vente d'esclaves à l'esclavage des ventes.
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La mauvaise foi, c'est le réalisme, cette idée qu'il faut s'adapter au monde comme il est, se plier, fût-ce avec ruse, à l'ordre établi "de tout temps" - il faut beaucoup d'efforts pour faire que rien ne change...
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Certains jours, la confiance revenait par bouffées de tendresse à l’égard des petites choses, le sourire d’un élève, le souvenir des grimaces de son frère, faire du vélo le long de la Seine. Elle pouvait passer en quelques instants de l’abattement à un début d’ivresse, mais la plupart du temps elle luttait, prise dans ces toiles d’araignées qui bâillonnaient les monstres intérieurs. Équilibre fragile, presque impossible.
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Ophelia fut pour Bardo ce qu’on appelle une passion fatale. Le propre d’une passion est de se déployer comme un monstre aux métamorphoses tantôt sublimes et musicales, tantôt grossières et étouffantes. Lorsqu’il repensait à elle, il se voyait accroché à une falaise, à la pointe de l’Europe, à quinze ou vingt mètres au-dessus du vide.
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