Malgré notre conformité pesante à un mimétisme de surface, malgré le cynisme médiocrement hautain du nihilisme, chacun de nous reste une planète, un assemblage unique et disparate. Chacun de nous est un monstre baroque, composé de mille points d'expérience modulés en un assemblage unique et mouvant. Nous sommes chacun un monstre de Frankenstein singulier poursuivant sa fiancée fantasmatique, l'image aimée d'un monde où notre âme pourrait habiter comme chez elle. Internet est ses urgences spontanéistes exhibent plus que de raison notre effort pour trouver notre monde frère.
L'ennui est, autant qu'un désir de joie, un désir d'autres règles du jeu : la volonté de dépasser les déterminations mécaniques, de sauter hors de soi-même, de plonger dans le fonds vital pour en ramener des possibilités neuves.
J'ai forgé en 2007 le néologisme de Créel pour indiquer que le Réel n'est jamais figé en soi, qu'en tant qu'il est figé, c'est déjà une peau morte, un décor sans vie, du passé. Être, c'est créer.
Le Flux Créaliste par Luis de Miranda