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Citation de ladycobalt


Je n’avais pas mis de point final à ma dernière phrase.
Mon chagrin était encore trop vif, la perte trop écrasante. Je ne pouvais pas imaginer que ma peine se ferait petit à petit moins violente, qu’elle deviendrait une compagne apaisée, assourdie, faite de souvenirs et d’évocations réconfortantes. Le deuil n’était pas clos. J’en étais encore prisonnière.
Il me fallait du temps pour découvrir que l’absence des disparus, imperceptiblement moins aiguë, moins obsédante, se changerait, jour après jour, en une présence amie, emplie de tendresse et d’une mélancolie bienheureuse. La perte donnait naissance à un lien nouveau, inédit, unique, encapsulé, à l’abri de la réalité quotidienne. Il me semblait que mes parents disparus se fondaient en moi. Je les abritais, ils m’emplissaient. J’évoquais leurs manières d’être, leurs gestes, leurs paroles, je jouais avec l’idée que s’ils avaient été encore là, ils diraient ceci ou cela, réagiraient comme ci ou comme ça. Je dialoguais avec eux. Je les faisais miens. Ils ne pouvaient plus démentir ce que je pensais d’eux. Une sorte d’aura idéalisée les entourait. Rien ne venait plus contredire mes sentiments à leur égard. Ils se coulaient en moi. Parmi toutes leurs facettes, je choisissais celles qui me convenaient, je les embellissais, j’immobilisais les meilleurs souvenirs, les moments les plus drôles, les plus affectueux, les plus riches d’émotions.
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