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Citation de Charybde2


Agatha Raisin débarqua à l’aéroport d’Heathrow, bronzée à l’extérieur et rouge de honte à l’intérieur. Comme elle se sentait stupide en poussant son chariot de valises en direction de la sortie !
Elle était partie deux semaines aux Bahamas à la poursuite de son séduisant voisin, James Lacey, car il avait laissé entendre qu’il allait passer des vacances au Beach Hotel de Nassau, la capitale de l’archipel. Lorsqu’il s’agissait de conquérir un homme, Agatha se montrait aussi impitoyable qu’elle l’était autrefois en affaires. Elle avait dépensé beaucoup d’argent dans une garde-robe éblouissante, elle avait maigri avec acharnement de façon à pouvoir exhiber sa silhouette rajeunie de quinquagénaire dans un bikini, mais une fois aux Bahamas, aucune trace de James Lacey. Au volant d’une voiture de location, elle avait fait le tour de tous les hôtels de l’île, en pure perte. Elle s’était même rendu au haut commissariat britannique dans l’espoir qu’on y aurait entendu parler de lui. Quelques jours avant la date prévue de son retour en Angleterre, elle avait passé un appel longue distance pour parler à Mrs. Bloxby, l’épouse du pasteur de Carsely, le village des Costwolds où elle habitait, et s’était finalement résolue à lui demander où pouvait bien se trouver James Lacey.
La communication était mauvaise, et elle entendait encore la voix de Mrs. Bloxby, s’amplifiant et s’affaiblissant tour à tour, comme portée par la marée. « Mr. Lacey a changé d’avis à la toute dernière minute. Il a décidé de passer ses vacances chez un ami à lui, au Caire. Il avait annoncé qu’il partait pour les Bahamas, c’est vrai, je m’en souviens. Et Mrs. Mason avait dit : « Quelle surprise ! Exactement comme notre chère Mrs. Raisin. » Et puis du jour au lendemain, nous avons appris que cet ami dont je vous ai parlé l’avait invité en Égypte. »
Agatha n’avait plus su où se mettre, et encore aujourd’hui elle aurait voulu rentrer sous terre ! James Lacey avait changé d’avis dans le seul but de l’éviter, cela ne faisait aucun doute. Rétrospectivement, elle s’apercevait que ses manœuvres de séduction avaient été plutôt flagrantes.
Ce n’était pas la seule raison pour laquelle elle n’avait pas passé de bonnes vacances. Elle avait laissé son chat, Hodge, cadeau du sergent Bill Wong, dans une pension spécialisée mais, sans trop savoir pourquoi, elle était inquiète à l’idée qu’il ait pu mourir.
Au parc de stationnement longue durée de l’aéroport, elle chargea ses bagages dans sa voiture puis se mit en route pour Carsely, se demandant pour la énième fois pourquoi elle avait pris sa retraite aussi jeune – mais oui, la petite cinquantaine, de nos jours, c’était jeune ! – et vendu son entreprise pour venir s’enterrer à la campagne.
La pension se situait à la périphérie de Cirencester. Elle se présenta à la porte de la maison et fut accueillie avec mauvaise grâce par la grande perche qui était propriétaire des lieux. « Vraiment, Mrs. Raisin ! Je m’apprêtais à sortir. Vous auriez pu avoir la prévenance de téléphoner.
– Allez chercher mon chat… tout de suite ! répondit-elle avec un regard mauvais. Et sans traîner ! »
La femme s’éloigna avec raideur, le moindre de ses mouvements clamant son indignation, et ne tarda pas à revenir avec Hodge miaulant dans son panier. Faisant la sourde oreille à ses récriminations, Agatha régla la note.
Elle décida que ses retrouvailles avec son chat lui apportaient un grand réconfort, puis se demanda si elle en était réduite au statut de dame de la campagne, condamnée à s’extasier sur son animal domestique.
Son cottage, tapi sous l’énorme poids de son toit de chaume, l’attendait tel un vieux chien fidèle. Une fois le feu allumé et le chat nourri, un whisky bien tassé dans le gosier, Agatha sentit qu’elle survivrait. Que James Lacey aille se faire foutre, lui, et tous ses congénères !
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