Il y a des regards qui grignotent les ailes et d'autres qui donnent la force de les déployer.
Elle s'arrête et promène son regard à la recherche d'un passage, un de ces sentiers connus d'elle seule et quelle aime emprunter, à l'aller comme au retour. "Un sentier fréquenté par tous les initiés ?" La résonance d'une phrase traverse ses pensées. Elle échappe un rire en haussant ses épaules : Par tous les initiés ? Sornettes ! Par les animaux, oui !
Il y a des regards qui grignotent les ailes, et d'autres qui donnent la force de les déployer.
Un seul mot peut atteindre une cible avec précision. Il peut détruire ou reconstruire. Il peut modifier le cours d'une vie. Car l'onde des mots est comme celle de l'eau, comprenez-vous ? Elle se diffuse et s'étend, toujours plus loin.
Il faut rendre l'invisible à l'invisible. Ce qu'il m'a été donné de Voir n'abandonne aucune trace dans la matière. Seule une voix le soufflera. Et vous êtes venus pour entendre cette voix, n'est-ce pas ?
Je te félicite pour ta sagesse. L'homme du présent qui est en toi a parlé en nous rappelant que nous sommes neufs, à chaque instant.
Une œuvre ne se juge pas à son épaisseur. Un livre, une pensée, une phrase peuvent suffire à réveiller le cœur d'un homme. La clarté ne s'embarrasse pas de mots inutiles.
Une simple histoire suffira, car la plus simple des histoires a le pouvoir d'éclairer la plus sombre des nuits...
C'était apaisant, même au travers d'une vitre, de suivre du regard le vol des papillons et de quelques abeilles aux pattes enflées de pollen. Un gros bourdon vint perturber l'agitation organisée de ces petites ailes vernissées. Je devinais le vrombissement de l'insecte lorsqu'il s'engouffrait dans le secret d'une fleur ; le trémolo secouait les étamines et une poudre d'or recouvrait le visiteur rayé qui repartait aussitôt claironner dans le calice d'une autre. Il semblait faire si beau dehors...
Lève les yeux, et tu verras le ciel. Ferme-les, et tu le trouveras en toi...