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Critiques de Magazine La Revue des Livres (3)
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La revue des livres, N°14 : L'antimonde pir..

Où en sommes-nous aujourd’hui dans certains débats ?



Les textes de cette livraison de cette fin d’année me semblent souvent plus lisibles que ceux des précédents numéros. Je déplore cependant l’abus de référence aux différents départements d’études « post » sans explications. (Voir un exemple de réflexion sur cette problématique dans l’entretien avec Thierry Labica dans le n° 19 de ContreTemps). Sans oublier que certain-ne-s semblent penser que l’utilisation de la langue universitaire offre des possibilités d’expression étendues, sans prendre en compte les effets de distance, parfois peu surmontables pour la lectrice ou le lecteur.



Quelques remarques et commentaires sur certains textes, choisis, en fonction de mes lectures ou curiosités.



Cédric Durand critique l’article de Michel Husson « La « sortie sèche de l’euro » : une triple erreur stratégique ». Voir le texte dans le N°19 de ContreTemps cité précédemment. Je partage, entre autres, la réflexion de Cédric Durand « toute expérience de gauche passe par une rupture avec le socle institutionnel de l’Union européenne et, en particulier, de l’Union économique et monétaire ». Mais je ne comprends pas comment il en déduit que la sortie de l’euro en est une précondition, voir l’élément central. Il conviendrait plutôt de discuter des hypothèses stratégiques et des formes de mobilisation permettant de poser concrètement les questions de la rupture.



En ce sens, les conclusions de Michel Husson sur le premier point me semblent plus pertinentes : « En guise de conclusion, on peut énoncer trois principes d’ordre stratégique qui devraient fonder la politique de la gauche radicale en Europe.



Premier principe : la sortie de l’euro n’est en aucun cas exclue a priori, mais c’est une arme dissuasive, destinée à construire un rapport de forces à l’échelle européenne qui ne doit pas être présentée comme la mesure préalable conditionnant toutes les autres.



Deuxième principe : tout projet alternatif doit combiner la rupture unilatérale avec l’Europe réellement existante et la mise en avant d’un projet de refondation coopérative de l’Europe.



Troisième principe : la rupture avec l’eurolibéralisme n’a de sens que si elle se fait au nom d’un programme de rupture avec l’ordre néolibéral à l’intérieur de chaque pays. »



J’ai été notamment intéressé par le deux articles sur la piraterie somalienne, même si je reste dubitatif sur la notion de « antimonde contemporain ».



La dualité des sexes est une construction, nous rappelle Didier Muguet dans une stimulante lecture du livre d’Anne Fausto-Sterling « Corps en tous genres. La dualité des sexes à l’épreuve de la science ». L’auteur interroge : « Se pourrait-il que la science, loin de simplement constater cette dualité, contribue en fait activement à la construire, à l’inventer ? ». Il indique, entre autres, « Les questions posées en termes de dualité, de distribution de caractères spécifiques à chacun des sexes, reçoivent des réponses en termes de multiplicité de configurations, de combinaisons variables ». Il insiste sur les questions que posent l’intersexualité et cite Anne Fausto-Sterling : « le mâle et la femelle se situent aux deux extrémités d’un continuum biologique ». En somme comme le montre l’auteure, la dualité des sexes n’est pas un invariant mais une construction sociale à laquelle contribuent la biologie, le médecine, la génétique…



Une invitation à lire cet important ouvrage contre la naturalisation des relations sociales, « lire le genre dans les corps est une affaire plus complexe que de laisser simplement le corps nous dire la vérité », contre les fausses évidences, les dualismes primaires, les pseudo-lois génétiques ou la neutralité de la science, ici la biologie. Un « vrai » livre scientifique pour un gai savoir.

Je trouve étrange une phrase du chapeau « Refusant la séparation stérilisante entre « macro » et micro » histoire, affirmant également qu’il s’agit de penser l’articulation complexe de la race et de la classe, c’est l’examen passionné de cette politique incarnée que nous convie Ann Laura Stoler ». Exit les rapports sociaux de sexe, pourtant traités par l’auteure.



Quoiqu’il en soit, Orazio Irrera et Matthieu Renault propose une lecture intéressante d’« une généalogie coloniale de la sexualité et de la race ». Ils insistent, entre autres, sur la construction des différences, les poliques de l’intime, les liens avec les analyses de Michel Foucault, la fabrication « conjointe » du racisme et des européen-ne-s.

L’entretien avec Olivier Neveux peut-être une très bonne introduction à la lecture de son dernier livre « Politiques de spectateur. Les enjeux du théâtre politique aujourd’hui »

Olivier Neveux cherche ce qui « fait défaut ou obstacle à la domination, ce qui fragilise la massivité, ce qui fait vivre politiquement la contradiction et, sinon les éléments, du moins les indices de la nouvelle société que porte, déjà, « dans ses flancs », celle d’aujourd’hui ». L’insistance sur les contradictions, les indices du futur déjà présent, sont suffisamment rares dans les analyses actuelles, pour qu’il faille y prêter grande attention. L’auteur indique aussi sa perplexité devant « une part de la sociologie de la réception ». Je partage son idée que nul-le ne peut savoir « ce qui persistera du spectacle vu hier soir », comment cela se mêlera, éventuellement, à la vie de la spectatrice et du spectateur et qu’il est « pour le moins mutilant de réduire les enjeux politiques d’un spectacle au seul programme de ses « impacts », espérés et réalisés ». L’auteur écrit aussi cette phrase qui devrait interroger plus d’un-e : « postuler l’égalité, c’est présupposer l’exception de tous et intervenir en conséquence ». Une invitation au spectacle et à l’émancipation.



J’ai été aussi très intéressé par l’article de Christophe Bonneuil « L’anthropocène : âge de l’homme ou âge des limites ? ». Une citation : « Plutôt qu’une foi béate dans les nouvelles technologies prétendument vertes, on ne peut donc éluder la question de la nécessaire baisse de la consommation nette de matière premières non renouvelables, et du ralentissement des « innovations » qui reposent sur l’utilisation intensive de ressources non renouvelables, notamment dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication ».



Je signale aussi l’article de Jean Morizot sur Nicos Poulantzas et les analyses sur l’Etat.



Pour le sommaire, consulter le site de la revue : RdL La Revue des Livres



Pour finir, un pas du coté de la reproduction du sexisme ordinaire dans le choix des mots. Dans l’appel aux abonnements, la rédaction écrit « Abonnez vos amants et vos maîtresses ». Nommer « maîtresses » les dominées est au moins (post)incongru ! Pourquoi ne pas dire « amantes » ?



Sans oublier que les autres cibles sont les « amis », « parents », « conjoints », « étudiants ». Que des hommes ! D’un coté des théorisations survalorisant le « discursif », de l’autre un (non-post)vocabulaire invisibilisant les femmes !…
Lien : http://entreleslignesentrele..
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La revue des Livres N°3

La RdL publie de longs entretiens. Celui de Frédéric Lordon est absolument indispensable pour comprendre la crise. Lecture obligatoire !
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La revue des Livres N°3

e reprends le titre de l’entretien avec Frédéric Lordon qui ouvre ce numéro. Avec grand talent l’auteur nous parle de la crise actuelle, des « économistes » et de la pensée unique, des désastres annoncés par la liberté donnée aux institutions financières « La finance rescapée massacre les titres souverains sur les marchés obligataires alors qu’elle aurait trépassé si les États ne s’étaient pas saignés pour la rattraper du néant. C’est tellement énorme que c’en est presque beau… », de la démission des organisations majoritaires du « mouvement ouvrier » et de ceux qui usurpent le titre de « socialiste ».



J’ajoute pour celles et ceux qui refusent toujours de prendre en compte la profondeur de la crise systémique qui bouleverse et bouleversera le monde « Après m’avoir fait longtemps très peur, la perspective de cet effondrement m’est presque devenue agréable, car l’occasion serait enfin créée d’abord de nationaliser intégralement le système bancaire par saisie pure et simple, puis de la faire muter sous l’espèce d’un ‘système socialisé de crédit’ », que la crise de 1929 se termine en 1945 après, entre autres, une guerre mondiale et les dictatures fascistes au cœur de l’Europe « civilisée », sans oublier le renforcement du stalinisme ou les dictatures militaires ici et là.



En d’autres temps, des courants pour l’émancipation évoquaient les choix entre socialisme et barbarie, l’auteur quant-à lui termine « Or, il apparaît d’une part que les gouvernements, entièrement asservis à la notation financière et dévoués à la satisfaction des investisseurs, sont en train de devenir tendanciellement les ennemis de leurs peuples, et d’autre part que si, à force d’avoir méthodiquement fermé toutes les solutions de délibération démocratique, il ne reste plus que la solution insurrectionnelle, il ne faudra pas s’étonner que la population, un jour portée au-delà de ses points d’exaspération, décide de l’emprunter – précisément parce que ce sera la seule. ».

Que l’on partage ou non les points de vue de l’auteur, cela néanmoins met en perspective l’extension du domaine des Indigné-e-s, la généralisation des soulèvements populaires comme en Grèce ou la contagion, de ce coté de la Méditerranée, de la révolution arabe.

Très belle iconographie de Xavier Malafosse sur la révolution égyptienne.



J’ai particulièrement été intéressé par différents articles :



David Harvey « Quel avenir pour les communs ? ». J’extrais une citation « Il me semble que le vrai problème ici, ce ne sont pas les communs en eux-mêmes, mais bien plutôt l’échec du droit de propriété privé individualisé à satisfaire nos intérêts commun comme il est censé le faire. »



Le beau texte de LaurentLevy sur Woody Guthrie.



Le texte de PascaleCasanova « Saint Georges et le dragon, rejeter la langue coloniale » à propos de Ngugi wa Thiong’o.



Celui d’Emmanuel Delgado Hoch et de Félix Boggio Ewanjé-Epée « Anibal Quijano et la colonialité du pouvoir », dont je souligne un extrait « Dès lors que la conquête du Nouveau monde impliquait d’exploiter les populations conquises ou d’en réduire d’autres en esclavage, la race était consubstantielle aux institutions que l’Europe avait mises en place pour articuler ces formes de travail et leur reproduction. »



Le texte d’Aurelie Leroy « Le travail des enfants : Les enjeux d’une controverse » dont je n’indique qu’une phrase « La considération de ‘l’intérêt supérieur de l’enfant’ évoqué dans la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant, ne peut se faire indépendamment de la prise en compte de la voix des enfants eux-mêmes. »

Les réflexions de Christophe Bonneuil autour de « Sciences : le sacre du citoyen ? »



et les plaisantes « Dix commandements du parfait militant » de Mike Davis même si je n’en partage pas la conclusion.
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