Magdalena Ansara

Tout d’abord, les automobilistes ne respectaient pas toujours les codes de la route et suivaient souvent leur propre caprice ! Ils tournaient dans un coin de rue, même s’ils étaient en troisième rang, sans se soucier du risque de causer des accidents. Ils zigzaguaient continuellement, étant toujours pressés et impatients. Ils tournaient dans une rue à sens unique, mais dans le sens inverse !« Je n’ai jamais vu une atrocité pareille ! » s’exclama Michel, irrité. « On dirait que nous sommes dans une jungle ou bien au milieu d’un méli-mélo duquel on s’en sort par miracle ! » reprit Michel.« Tu as raison, Michel. Il faut vraiment être doué et chanceux pour arriver, sain et sauf, n’importe où à Mexico ! Mais, rassure-toi, au bout d’un mois, tu deviendras comme eux ! La loi de la jungle ! » lui dit Muriel en riant.

Le mariage était déjà compliqué et se marier avec quelqu’un d’une autre culture le rendait encore plus complexe. Cependant, ils ne voulaient pas s’en mêler, car ils savaient que lorsque leur fille prenait une décision, il était presque impossible de la faire changer d’avis. Ils avaient confiance en son bon jugement et espéraient que tout s’avèrerait être aussi beau et romantique qu’elle le croyait.Les quelques jours qui suivirent avaient été frénétiques. Tous les préparatifs avaient été faits en branle.

Elle se revoyait encore jeune fille, insouciante, pleine de vie et d’espoir et surtout, romantique. Elle était le boute-en-train de sa clique. Elle avait un sens de l’humour bien développé et une gaieté naturelle très communicative. Elle était le point de mire, là où elle se trouvait, malgré sa petite taille de cinq pieds deux. Elle était bien faite et avait une allure altière qui attirait. Son regard était tellement perçant, lumineux et doux, qu’on ne pouvait s’empêcher de la remarquer. 

J’ai toujours eu peur des peines d’amour, surtout après ma première déception. Je me suis alors juré de ne plus me laisser prendre une seconde fois. Je t’aime moi aussi de tout mon cœur, mais je ne voulais pas me l’avouer. Je comprends très bien ta décision et je suis d’accord. On s’écrira lorsque tu repartiras et on confiera la suite au destin… »  Ils étaient restés enlacés pendant un moment, heureux de leur promesse et envisageant l’avenir avec beaucoup d’optimisme.

Elle se sentait attirée par la personnalité chaleureuse et coquine de cet homme. Elle s’était encore plus attendrie en apprenant que sa mère était décédée alors qu’il avait à peine six ans. Cette dernière avait été attaquée par un chien enragé et n’avait pas pu combattre l’infection majeure. Elle avait laissé derrière elle son fils Miguel de six ans et sa fille, Rocio de quatre ans. Son père avait très mal réagi à ce deuil et s’était plongé corps et âme dans son commerce, accroissant la fortune familiale et noyant son amertume là-dedans.

Elle choisit une robe noire, très simple, qui faisait ressortir la délicatesse de son teint et le doré de ses yeux. Elle releva ses cheveux caramel, longs jusqu’au milieu de son dos, en un chignon qui lui donnait un air distingué de grande dame. Miguel l’aimait beaucoup ainsi et elle voulait lui plaire afin de le mettre de bonne humeur. Maintenant qu’elle avait retrouvé son meilleur ami, elle ne voulait pas le faire fuir à cause de la jalousie de son mari.

Il était mignon et on le prenait pour le poupon du groupe. De temps à autre, il faisait des escapades avec d’autres filles et faussait compagnie à ses copains. Il était aimé de tous, surtout des filles !« Il est devenu très, très attirant », pensa Muriel en revoyant son visage d’homme mûr. « Il ressemble à un acteur de cinéma, d’une beauté virile et d’un magnétisme qui vous oblige à le regarder et vous attire comme un aimant.

« Tu sais Michel, ça peut être difficile de se marier avec quelqu’un qui n’est pas de ta culture. Les coutumes ne sont pas les mêmes, la mentalité est différente, les principes d’éducation sont distincts… Enfin, bref, c’est deux fois plus difficile qu’un mariage ordinaire, qui a ses propres défis. C’est la loi de la nature humaine ! Parfois, je me sens tellement révoltée et désespérée que j’ai envie de tout abandonner…        

Un des premiers principes du vrai amour c’est la confiance mutuelle. Si tu m’aimes comme tu le clames, tu devrais être sûr de ma fidélité. Ton attitude dénote un manque de confiance en notre amour, crée des querelles interminables et nous empêche d’avoir une vie harmonieuse. De plus, les filles en sont affectées, car chaque fois qu’il y a une querelle elles se blottissent contre moi et ne veulent plus me lâcher. »

Quel dommage ! Quel gâchis ! Tout cet amour avait été remplacé par de la rancune et avait effacé le respect qu’elle avait envers lui. Elle aurait tout donné pour retrouver le bonheur éprouvé durant les quelques mois suivant leur mariage. Elle ne pouvait pas vivre heureuse dans ces conditions. Enfin, bref, ça ne servait à rien de se morfondre. Elle avait acquis une routine qui rendait la situation tolérable.