L'épreuve du feu est une pièce cyclique en huis-clos (en ne peut s'empêcher de penser à la pièce de Sartre). Elle est cyclique parce que les échanges entre les personnages ne mènent nulle part et vont les conduire à les reprendre inlassablement à partir d'une même situation récurrente. On comprend ainsi que ce n'est pas la première fois que les protagonistes tiennent ces dialogues. Et ils ont beaucoup à dire (il y a de très longs monologues) et beaucoup à cacher ces personnages qui se révèlent à fois dans l'exposé de leur vie et dans les commentaires qu'ils font sur la vie des autres. On ne s'attache pas à eux qui mentent ou enjolivent à leur gré, ce qui est certainement volontaire de la part de l'auteur ; l'équilibre est ainsi maintenu entre tous et on peut recommencer la pièce à égalité sans qu'aucun n'ait pris d'avantage, même pas un avantage de sympathie du lecteur. Cependant le retour au début, qui est une bonne trouvaille (originale ?) de théâtre apparaît comme une facilité, par définition, pour ne rien régler et laisser les huit personnages éternellement seuls avec leurs histoires et avec celles des autres ... ce qui renvoie encore à Sartre.
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Des ouvriers et ouvrières d'une usine sidérurgique se retrouvent dans un espace qui leur sert pour les pauses. L'entreprise a subi une restructuration et le responsable a été victime d'un accident. Chaque personnage a un caractère très marqué : Douglas, qui spécule sur les actions de la société, John, très revendicateur, Lena, moraliste usée par les années d'usine, Einar, vieux sidérurgiste blasé, Gisela, libérée par la mort de son mari dont elle a touché l'assurance-vie, Sirpa, ouvrière taciturne et désabusée, Sven, le chef d'équipe, adepte de l'ordre, sans vie en dehors de l'usine. Et puis Sara, jeune mère célibataire, nouvellement embauchée en vue du départ de Gisela, dont la curiosité et une série de quiproquos vont précipiter l'action.
Comme dans l'Épreuve du feu du même auteur, les dialogues sont très agressifs. Chaque personnage supporte mal comment les autres sont, comment ils vivent parce que cela fait écho à leur mal-être. Pour certains d'entre eux, la découverte d'un coupable, qui va devenir victime, servira d'exutoire. Ce bouc émissaire permettra à ces "bourreaux ordinaires" de se supporter et de supporter leur vie dans les hauts fourneaux.
Magnus Dahlström utilise les conditions de travail très dures de l'industrie sidérurgique pour exacerber le malaise des personnages. Ça commence comme une scénette des Monty Python, ça continue comme une pièce de Brecht, ça flirte avec la pièce policière ... Malheureusement, le texte m'a paru un peu aride et les personnages affectés seulement en surface par ce qui leur arrive. le dernier des trois actes survient très brutalement sans préparation du drame ce qui nous laisse un peu démunies face aux réactions des personnages, Einar, Rolf et Gisela en particulier.
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