Un essai historique ? Un roman avec ses rebondissements et ses révélations ? Une étude sociologique ? Une recherche historique ? Un peu de tout. A partir de très vieux documents, («des parchemins écrits en hébreu et un manuscrit dont une grande partie était rédigée en arabe, et le reste en français») découverts par hasard dans une maison qu'il occupe lors de l'absence de l'ami propriétaire (au nom «bien de chez nous») sur les hauteurs d'Alger, l'auteur remonte loin, très loin dans le temps, pour nous raconter l'histoire d'une famille juive «camouflée» en terre d'Islam. Il démarre son récit au XIIè siècle dans la cité de Segelmassa (oasis du Tafilalet, dans le Sud marocain, cité aujourd'hui disparue) où vivait une importante communauté juive partiquant le commerce avec les royaumes de Ghana et de Tombouctou. Là, les deux communautés berbères, musulmane et juive, étaient étroitement liées, mêlées entre elles, et vivant dans une parfaite symbiose.
L'histoire défile : les voyages, les conflits tribaux, les crises cycliques pour la plupart ne s'expliquant pas par la haine de l'autre... Le règne des Almoravides, puis la déferlante intolérante Almohade... les conversions sincères ou forcées à l'Islam, obligeant une partie de la population berbère à se fondre, «tels des caméléons dans le maquis broussailleux et épineux des tribus sédentaires et nomades, réparties à travers les vastes étendues du nord de l'Afrique»... Le statut de «dhimmi» et sa violation soit par le maître du moment (selon qu'il soit juste et clément ou tyrannique et cruel), soit par la populace («Il suffisait d'avoir affaire à un individu malveillant et sans crupule, en l'absence de témoins, pour se retrouver, à l'occasion d'une banale dispute, accusé d'avoir blasphémé contre l'Islam et son prophète»)... Le venue de milliers de Juifs d'Espagne, revenant dans un pays que leurs ancêtres avaient quitté quelques siècles auparavant... la vie à Tlemcen... Alger au temps des Deys, avec des Turcs tenant la ville d'une main de fer et avec une famille qui pratique la religion («mosaïque») secrètement... ensuite, l'invasion coloniale avec la répression et les spoliations multiples... enfin l'Indépendance du pays. Avec ce choix douloureux : «Fallait-il rester sur la terre des ancêtres ou alors imiter la majeure partie des pieds noirs, dont certains n'avaient jamais foulé la terre de France ?». La famille s'est alors scindée en deux...!
La suite et fin n'est pas connue, «les pages suivantes d'un manuscrit commencé il y a de cela plusieurs siècles, ayant été déchirées...»
Il me semble que le chapitre consacré en fin d'ouvrage à «L'alaya», s'il se base sur des faits réels liés à la colonisation sioniste sauvage de la Palestine, a quasi-totalement fait oublier la grande tolérance des chapitres précédents : des villages détruits et rasés, des tribus expulsées (accompagnés souvent de massacres des populations) dans le secret le mieux gardé de la vie politique israélienne et la complicité des grandes puissances occidentales. Entre 1948 et 1950, sur les 475 villages existants, il n'en restait plus que 90. Il aurait pu faire l'objet d'un ouvrage à part pour ne pas laisser planer de doutes sur l'intention de l'auteur.
Avis : Acheté par curiosité, lu par nécessité, présenté par honnêteté. A vous de voir
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Un essai historique ? Un roman avec ses rebon
dissements et ses révélations ? Une
étude sociologique ? Une recherche historique ? Un
peu de tout. A partir de très vieux documents, («desparchemins écrits en hébreu et un manuscrit dont
une grande partie était rédigée en arabe, et le reste
en français») découverts par hasard dans une maison
qu’il occupe lors de l’absence de l’ami propriétaire
(au nom «bien de chez nous») sur les hauteurs
d’Alger, l’auteur remonte loin, très loin dans le
temps, pour nous raconter l’histoire d’une famille
juive «camouflée» en terre d’Islam. Il démarre son
récit au XIIè siècle dans la cité de Segelmassa (oasis
du Tafilalet, dans le Sud marocain, cité
aujourd’hui disparue) où vivait une importante
communauté juive partiquant le commerce avec
les royaumes de Ghana et de Tombouctou. Là, les
deux communautés berbères, musulmane et juive,
étaient étroitement liées, mêlées entre elles, et vivant
dans une parfaite symbiose.
L’histoire défile : les voyages, les conflits tribaux,
les crises cycliques pour la plupart ne s’expliquant
pas par la haine de l’autre... Le règne des Almoravides,
puis la déferlante intolérante Almohade... les
conversions sincères ou forcées à l’Islam, obligeant
une partie de la population berbère à se fondre,
«tels des caméléons dans le maquis broussailleux
et épineux des tribus sédentaires et nomades, réparties
à travers les vastes étendues du nord de
l’Afrique»... Le statut de «dhimmi» et sa violation
soit par le maître du moment (selon qu’il soit juste
et clément ou tyrannique et cruel), soit par la populace
(«Il suffisait d’avoir affaire à un individu
malveillant et sans crupule, en l’absence de témoins,
pour se retrouver, à l’occasion d’une banale
dispute, accusé d’avoir blasphémé contre l’Islam d’Espagne, revenant dans un pays que leurs ancêtres
avaient quitté quelques siècles auparavant... la
vie à Tlemcen... Alger au temps des Deys, avec des
Turcs tenant la ville d’une main de fer et avec une
famille qui pratique la religion («mosaïque») secrètement...
ensuite, l’invasion coloniale avec la
répression et les spoliations multiples... enfin l’Indépendance
du pays. Avec ce choix douloureux :
«Fallait-il rester sur la terre des ancêtres ou alors
imiter la majeure partie des pieds noirs, dont certains
n’avaient jamais foulé la terre de France ?».
La famille s’est alors scindée en deux...!
La suite et fin n’est pas connue, «les pages suivantes
d’un manuscrit commencé il y a de cela plusieurs
siècles, ayant été déchirées...»
Il me semble que le chapitre consacré en fin
d’ouvrage à «L’alaya», s’il se base sur des faits réels
liés à la colonisation sioniste sauvage de la Palestine,
a quasi-totalement fait oublier la grande tolérance
des chapitres précédents : des villages détruits
et rasés, des tribus expulsées (accompagnés
souvent de massacres des populations) dans le secret
le mieux gardé de la vie politique israélienne
et la complicité des grandes puissances occidentales.
Entre 1948 et 1950, sur les 475 villages existants,
il n’en restait plus que 90. Il aurait pu faire l’objet
d’un ouvrage à part pour ne pas laisser planer de
doutes sur l’intention de l’auteur.
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