Cette route, combien d'années l'ai-je parcourue, deux fois par jour ? Le matin, pour me rendre au collège. Le soir, pour rentrer à Aïn Nekhla. Vingt kilomètres séparent mon village de la ville. Vingt kilomètres de néant. Je n'ai rien oublié de ce néant non plus. La rectitude de son tracé goudronné. Son ciel torve qui calcine la poésie des sables. Ses palmiers, pauvres exclamations à jamais inassouvies. Le grimoire sans fin de ses regs. Les quintes sardoniques de ses vents. Puis le silence, poids d'une éternité consumée.