Maëlle Hérisson

Je ne me vois pas faire la route toutes les deux semaines, pour un effet incertain. Je suis lassée de tout ça, j’aimerais que ça s’arrête, ne plus avoir mal, ne plus à devoir expliquer mes douleurs, ma vie, que l’on me juge, que l’on me donne des médicaments qui ne font rien de positif sur moi.
Je me dis que je suis plus forte que cette chose qui me ralentit dans mon quotidien. Je vais apprendre à vivre avec et c’est moi qui vais décider de ce que je veux faire, pas cette maladie ou je ne sais quoi d’autre !
« Le seul moyen de guérir, c’est de se considérer comme guéri. » Gustave Flaubert

Les jours passèrent et ma fatigue s’amplifiait, je me suis d’abord dit que c’était parce que Timothée ne faisait pas encore ses nuits. Mais non, plus les jours passaient plus j’avais des douleurs intenses dans les membres inférieurs, des pensées brouillées et surtout je faisais des choses incompréhensibles, (...). Toutes ces actions pouvaient laisser penser à un surmenage, alors je n’y ai pas prêté trop attention mais cela revenait tous les jours !
Jusqu’au jour où j’ai manqué de faire tomber Timothée dans les escaliers qui menaient à sa chambre.

Difficile de faire entendre mes douleurs à mes proches, en effet, lorsqu’ils me voient je vais bien, je parle, je sers le café, je fais bonne mine mais en réalité, je souffre, j’ai un mal de tête permanent, je suis obligée de me concentrer pour avoir une conversation normale, c’est épuisant. Quand j’en parle, je n’ai pour réponse que des « bouge plus, tu auras moins mal », « c’est normal que tu aies mal, tu ne fais plus de sport », « c’est dans la tête, pense à autre chose, ça ira mieux », « oh, tu as toujours quelque chose toi ! » et j’en passe !

Puis tout en écrivant sur sa feuille devant elle, elle me dit :
• « Bon, je pense que vous êtes surtout une personne stressée et dépressive. » 
• « Euh non, je ne me sens pas dépressive. » Je ne comprends pas bien pourquoi elle me dit ça.
• « Si, si vous l’êtes, vous avez certainement consulté Internet pour vos symptômes et vous en avez trouvé d’autres, vous souhaitez attirer l’attention de votre conjoint pour qu’il s’occupe de vous. On va vous faire quelques examens quand même mais à mon avis c’est ça. »

J’ai passé 5 jours à la maternité car je n’arrivais pas à me lever à cause de la douleur, je faisais des malaises à chaque fois que je voulais me lever et marcher, une horreur !
Finalement au bout de 4 jours une infirmière très aimable m’a dit que si je ne me bougeais pas, elle allait me virer du lit… je me suis levée… je suis tombée !

• «  Tu plaisantes ! Toi malade, c’est n’importe quoi, tu es juste fatiguée, tu sais tu viens d’avoir un enfant, ce n’est pas rien ! »
• « Oui c’est vrai, mais là ce n’est pas normal, le neurologue l’a dit. »
• « Mouais, ça m’étonnerait, ça s’appelle le surmenage ma belle. »
Agacée, je préfère ne rien répondre.

Une fois devant les deux petites marches, elle m’a aidé à me lever pour les enjamber. Le regard des autres campeurs sur moi m’a fichu un coup, ce regard d’empathie ou de curiosité plus ou moins déplacé est plus humiliant que le fait d’être en fauteuil.

Ma vie ne s’arrête pas avec la maladie, c’est un nouveau départ qu’il faut apprivoiser…