Mon père et les hommes comme lui étaient si obsédés par le potentiel de la terre que toute récolte abondante prenait des proportions mythiques. Les rares bonnes années, quand il fallait un troupeau de dromadaires tout entier pour transporter les lourds sacs de blé, annonçaient invariablement le début de l’amélioration tant attendue. Mais la période de pousse suivante échouait à tenir ses promesses, et on pouvait s’estimer heureux lorsqu’on avait quelques aubergines et tomates à stocker. L’abondance et la richesse ne tenaient qu’à une bonne récolte ou une grosse averse, selon eux. Il aurait été facile pour moi aussi de passer ma vie à y croire.