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Citation de Woland


[...] ... - "Je me demande si je dois me réjouir de savoir qu'un jour ou l'autre tu vas te tuer avec [cette moto], Al. Tu sais bien que tu as la vue basse et que tu roules beaucoup trop vite. [Quant à ton changement de travail], je ne vois pas en quoi c'est mieux que de travailler à la réfection des routes dans une grand structure qui offre des possibilités d'évolution de carrière. Moi aussi j'ai quelque chose à t'annoncer, je déménage à Aptos. J'ai eu trop d'échecs dans cette maison et elle me coûte trop cher. Pourquoi n'essaierais-tu pas d'étudier à l'université, tes notes de lycée te permettraient d'y entrer ?

- C'est nouveau. Je croyais que tu ne voulais pas que je m'approche de toi.

- Je n'ai pas parlé de Santa-Cruz. Il y a assez d'universités en Californie.

- De toutes façons, je n'étudierai jamais dans ton périmètre."

Elle m'a regardé longuement de ses yeux troublés par l'alcool.

- " Je ne comprends pas, Al, pourquoi tu m'aimes si peu. J'ai été dure avec toi enfant, mais c'était pour ton bien.

- Mon bien ?"

On est restés sans parler un bon moment, sans se regarder non plus. On aurait dit deux ours dominants qui se croisent inopinément dans une forêt et qui balancent la tête navrés à l'idée de s'étriper.

J'ai rompu le silence sans avoir préparé la suite.

- "Si je ne t'aimais pas, je n'aurais pas menti à mon psychiatre pendant mon internement. Je lui ai dit qu'un escalier conduisait au sous-sol de la maison dans le Montana. Alors que, tu le sais, on y accédait par une trappe sous le fauteuil dans lequel tu avais l'habitude de t'asseoir.

- Qu'est-ce que ça change ?

- J'en sais rien. Je ne lui ai pas dit non plus que tu avais l'habitude de me frapper avec une ceinture à boucle, une énorme boucle en métal qui laissait des traces violettes. Je lui ai encore moins parlé de ton silence, lorsque ta fille aînée a essayé d'avoir une relation sexuelle avec moi. J'avais quoi, dans les huit ans. Je t'ai rapporté les faits et tu les as balayés d'un revers de la main. On ne pouvait pas toucher à ton enfant préférée. Je n'ai pas voulu entacher ta réputation au-delà de ce qui m'était supportable. Je veux que tu le saches, point. Je vais te dire encore une chose. Tu penses que je suis le seul homme qui ne te quittera jamais. C'est possible. Mais n'en profite pas. Je ne suis ni mon père, ni tous les types qui ont défilé depuis, maris ou pas. Tu es condamnée à une vie de solitaire, M'man, c'est ton choix. Je sais que tu cries partout que tu as inventé le féminisme avant toutes ces femmes qui le revendiquent. Je n'en serai pas la dernière victime."

Ma mère n'aimait pas qu'on prenne l'ascendant sur elle.

- "Qu'est-ce que tu es en train de raconter, espèce de minable ? Tu penses que je suis finie pour les hommes et que je vais m'en consoler par la présence d'un fils criminel qui ne m'apporte jamais aucun apaisement ? Tu es malade, Al, et ils n'ont pas fini de te soigner.

- Au lieu de m'insulter, tu ferais mieux de me présenter des filles de ton université. Ca me changerait de celles que je croise dans les bars et qui ont la même haleine que toi.

- Aucune fille de mon université ne mérite d'avoir affaire avec un type comme toi. Tu ne leur arrives même pas à la cheville. Tu crois que je vais ruiner ma réputation : "Tenez, je vous présente mon fils qui sort de cinq ans d'hôpital psychiatrique pour avoir tiré dans le dos de ses deux grands-parents, mais il est plein d'avenir, méfiez-vous, mesdemoiselles, c'est peut-être le futur gouverneur de Californie." Je revois le Dr Cadwick me disant pendant ma grossesse : "Arrêtez de vous agiter, madame Kenner, ou vous allez faire une fausse couche !" Mais si je le voyais maintenant, je lui dirais : "Je suis la première femme à avoir fait une fausse couche menée à son terme." Voilà ce que je lui dirais." ... [...]
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