Je n'ai pas de script. Le script c'est le patient.
Ressentir et rien d'autre. Ne pas juger ? Ne pas être jugé ? Mais être là, profondément, dans un ailleurs qui devient un ici, dans une temporalité qui s'émancipe de la tyrannie du temps Dans un éveil comme un sommeil d'enfance. Une goutte d'éternité.
Percevoir sa place dans son environnement est une chose essentielle dans la démarche de vie. Se placer n'est pas toujours facile tant les événements qui nous touchent sont complexe : la maladie et son cortège de déstabilisation, les situations professionnelles et familiales, mais aussi notre histoire personnelle et donc notre curriculum vitae qui sont marqués parfois par la peur, par des phobies, des addictions, des traumatismes... L'hypnose est là pour que nous puissions accompagner ces difficultés et changer notre positionnement à leur égard.
Abandonner la cause et se trouver face à la problématique fait partie de l'arsenal de l'exercice hypnotique. Être dedans et non dehors, également. D'intégrer dans une optique multidisciplinaire est une force, d'abandonner la pensée, le vouloir et les explications incertaines afin de s'ouvrir au monde de la perception et du ressentir, est un autre éclairage.
Laisser le corps prendre sa décision dans le mouvement, dans l'imaginaire de la transe hypnotique, en est encore une forme. S'autoriser à abandonner, trouver la bonne distance pour laisser de la place et pour faire surgir ses ressources dans la solution est une expérience de vie.
Le fauteuil est un lieu dans lequel nous nous installons pour vivre librement notre humanité vivante.
L'espace de perception qu'offre la transe hypnotique dans sa composante sensorielle est un espace de décision. Ce processus qui permet de passer d'une sensorialité restreinte à une sensorialité élargie nous donne la possibilité de "prendre la résolution qu'un événement va avoir lieu".
L'approche narrative [de la problématique] repose sur l'idée que les récits que nous produisons résultent de problématiques qui nous déstabilisent ou, au contraire, nous régénèrent; Pour ma part, je m'appuie souvent sur le curriculum vitae du patient il ne s'agit pas du CV envoyé à d'éventuels employeurs mais du "CV de vie". Celui-ci est souvent bien riche en événements de tous types il est le fruit en événements de tous types : il est le fruit d'expériences passées sur lesquelles nous nous appuyons en les reliant ou non, afin de déconstruire et reconstruire la problématique et d'induire le changement dans la transe hypnotique. La reconstruction sensorielle du CV est un aspect de l'hypnose.
La prise en charge de la douleur, qu'elle soit aiguë ou chronique, mérite aussi une prise en charge multidisciplinaire ou transdisciplinaire. Nous le savons depuis les travaux de l'université de McGill par les Canadiens Melzack et Wall dans les années 1980. Plusieurs composantes définissent la douleur. La définition de l'Association internationale pour l'étude de la douleur le souligne ; "La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite dans ces termes." Cette définition est unanimement admise.
L'indifférence est une attitude souhaitable dans les cas de phobies. Être indifférent, c'est aussi se placer à bonne distance de son environnement. C'est trouver sa place dans le contexte qui nous gêne.
"Trouver sa place dans le fauteuil, c'est trouver sa place dans son existence et dans son environnement", disait [Roustang] souvent. Ce contact sensoriel entre le corps et un soutien grâce auquel le corps se pose et s'enfonce est central dans le processus hypnotique de la transe : "laissez faire le fauteuil". En d'autres termes ; laissez ce contact sensoriel s'effectuer, laissez ce dialogue invisible se faire. Infusez dans cet espace de temps, comme si vous pouviez vous débarrasser de tout ce qui vous encombre, vous gêne et vous empêche.
Pour ma part, je m'abstiens de fixer un quelconque objectif au patient. Je préfère le laisser s'en charger lui-même et l'exprimer selon son intimité personnelle. Le dialogue relationnel qui s'installe comme contrat de confiance entre patient et praticien est le lieu, la relation sécure qui ouvre les portes du changement. Le patient trouvera dans la transe et dans les exercices d'auto-hypnose son propre chemin pour atteindre ses propres objectifs.
L'hypnose n'est pas une thérapie psychanalytique longue, même si Freud en a fait l'expérience. L'hypnose est un processus sensoriel, une expérience de changement qui relie "le corps et l'esprit" et qui entre dans le champ des thérapies brèves. Changer ses perceptions et dégager des ressources ne veut pas nécessairement dire parler à son inconscient.