AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.04/5 (sur 13 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Marc Valleur est psychiatre et médecin chef de l’hôpital Marmottan spécialisé dans les soins et l’accompagnement des pratiques addictives. Il est membre de la Commission interministérielle des stupéfiants et des psychotropes.
Il a succédé à Claude Olievenstein à la direction de la publication de la revue "Psychotropes" spécialisée dans l'addictologie.

Source : http://www.vivendi.fr/vivendi/Marc-Valleur
Ajouter des informations
Bibliographie de Marc Valleur   (13)Voir plus

étiquettes
Video et interviews (1) Voir plusAjouter une vidéo

Consoles de jeux, lancement de la Sony PSP
Reportage consacré au lancement hier à minuit à Paris de la nouvelle console de jeux vidéo : la PSP de Sony. Evocation de la polémique autour des jeux vidéos, à travers l'exemple d'une famille. Commentaires sur images factuelles en alternance avec l'interview de jeunes acheteurs, d'une mère de famille, de ses deux garçons et de Marc VALLEUR, psychiatre.

Citations et extraits (66) Voir plus Ajouter une citation
Si les addictions sont des substituts de masturbation, il convient de les traiter de la même façon et simplement de les déconstruire en tant que pathologies, pour les normaliser et déculpabiliser des sujets dont la souffrance n'est induite que par la répression sociale et le regard moralisateur des autres. C'est d'ailleurs le cas de tous les usages de drogues, licites ou illicites, abusivement assimilés à la toxicomanie : l'usage n'est pas la dépendance, et il s'agit de déconstruire les modèles qui, au nom de la santé publique, vont assimiler à une toxicomanie toute conduite « sanitairement non correcte », par exemple confondre abus et dépendance, alcoolémie au volant et alcoolisme chronique.
Commenter  J’apprécie          80
... en matière de dépendances ou d'addictions : la liberté n'est ni l'autisme ni le renoncement à toute forme de lien, mais au contraire le choix assumé de ces liens. Elle revient à disposer de suffisamment d'objets potentiellement addictifs – des centres d'intérêt suffisamment variés – pour que les dépendances « inévitables » soient le plus proche possible d'un « choix libre ».Le contraire de l'addiction n'est donc pas la liberté, mais une « démocratie psychique » (selon la formule de Claude Olivenstein à propos du but de l'intervention en toxicomanie) qui consiste à vivre diverses formes de dépendance, dont la variété et la multiplicité sont le meilleur garant contre l'enfermement aliénant envers un objet unique ou une séquence de vie stéréotypée répétée à l'infini.
Commenter  J’apprécie          60
L'addiction n'est pas une "simple" dépendance, mais un envahissement total de l'existence, qui devient en quelque sorte une nouvelle identité pour le sujet.
Commenter  J’apprécie          60
La recherche inconsciente de punition peut rapprocher le joueur de certains codépendants, qui supportent de façon sacrificielle des situations de maltraitance, comme s’il s’agissait d’un châtiment justifié. Nous avons vu que nous pouvons appeler cette recherche inconsciente le « masochisme moral".
Commenter  J’apprécie          50
Ainsi définitions-nous comme un addict "toute personne dont l'existence entière est tournée vers la recherche des effets produits sur son corps et son esprit par une subsatnce plus ou moins toxique (drogue tolérée, interdite, prescrite) ou une conduite (jeu, conduite alimentaire, sexe, Internet, achat, etc.), sous peine d'éprouver un intense malaise physique et/ou psychologique".
On peut commencer à parler d'addiction dès lors qu'une conduite envahit toute la vie du sujet, au point de l'empêcher de vivre. L'objet de l'addiction est plus que le centre de la vie, il centre la vie de l'addict et le définit.
Commenter  J’apprécie          40
Biologie, psychologie, sociologique, anthropologie: bien des disciplines sont convoquées par les tentatives de fournir un modèle explicatif des différentes conduites addictives. Souvent chaque discipline tente, de façon hégémonique, de donner un modèle explicatif global, et la division des savoirs entre ces disciplines rend très difficile la constitution de modèles complexes, pourtant nécessaires, qui intégreraient les données de tous les "abords particuliers".
Commenter  J’apprécie          40
"Les premières campagnes, destinées à féminiser la cigarette en faisant fumer des artistes célèbres, ne donnèrent pas de résultat. Bernays eut alors l'idée d'associer la cigarette au mouvement de libération des femmes, en appliquant une stratégie commerciale simple.

En 1929, lors d'une parade publique, un groupe de femmes au premier rang de la manifestation brandit ostensiblement des cigarettes allumées, comme signe de protestation et de revendication. Ces «torches de la liberté» signifiaient le refus de l'inégalité entre femmes et hommes.

Cette campagne fut un succès : peut-être fit-elle avancer un peu la cause des femmes, ce qui était l'un de ses objectifs, mais elle bénéficia surtout à la compagnie American Tobacco, dont les chiffres de vente explosèrent. Les débats et les polémiques qui firent suite à la parade des « torches de la liberté » portèrent sur l'image des femmes, leur droit ou non de fumer en public... Le débat lui-même fut une gigantesque campagne publicitaire pour les cigarettes. Nous reverrons que cette «libération» peut passer pour une expression du désir des femmes, mais qu'elle fut surtout l'expression du désir des cigarettiers, qui embauchèrent ainsi gratuitement des agents publicitaires très actifs, et bénévoles...

L'histoire est remarquable, car elle fait plus que démontrer le cynisme de certains publicitaires, prêts à rendre une population entière dépendante d'une substance qui s'avérera très toxique, et cause encore aujourd'hui des millions de morts des suites de cancer ou de maladies cardiovasculaires. Elle montre bien l'interdépendance des mouvements de libération, d'émancipation, et de la montée des addictions dans la société.
[pp 118-119]
Commenter  J’apprécie          20
Les sex addicts d'aujourd'hui sont souvent des masturbateurs, parfois parallèlement à une activité auto ou hétéro-sexuelle débridée. L'importance, l'urgence de la satisfaction rend nécessaire le recours à ce que Jean-Jacques Rousseau nommait le « fâcheux complément ». Mais la masturbation est aussi – et nous retrouvons les préoccupations de nos théologiens – le moyen de se livrer, en fantasme, à des activités que le sujet, consciemment, réprouve et auxquelles il ne souhaite pas s'adonner dans la réalité.
Le crime pédophile, le viol, la jouissance du meurtre peuvent ainsi s'accomplir virtuellement, au besoin par l'usage de cassettes vidéo, de visite de sites Internet, de journaux, de photographies. Parmi les cas d'addiction sexuelle exposés par Aviel Goodman, certains comportent cette caractéristique : le sujet demande de l'aide au moment où il craint de mettre en acte dans la réalité cette partie de sa sexualité qu'il réservait jusqu'alors à ses fantasmes masturbatoires. Un homme excité par l'idée du viol peut trouver satisfaction en fantasmant et en se masturbant sur des scènes de viol mises en scène dans des livres, des films, des sites pornographiques, jusqu'au moment où il se sentira proche d'un passage à l'acte dans la réalité. On peut alors supposer que les préoccupations et l'hyperactivité sexuelle ont eu, dans un premier temps, la fonction d'éviter d'en arriver là : cette conduite addictive serait une tentative inconsciente de se protéger de pulsions perverses contre lesquelles le sujet se défend.
Commenter  J’apprécie          20
Les cas les plus impressionnants que nous avons été amenés à traiter sont des hard-core gamers, des « joueurs dures », qui ont consacré à ces pratiques des mois, voire des années de leur vie, de façon exclusive. Grands joueurs respectés (sous la forme de leur avatar), mais aussi grands responsables de guildes, où il leur arrivait d'être à la tête de centaines, voire de milliers, de personnes. Comme ces toxicomanes qui revendiquent leur droit à un plaisir « autre », certains d'entre eux nous disent, tandis qu'ils commencent à se réadapter à la vie ordinaire, celle des études, du travail, de la famille, de l'amour et de l'amitié : « Prouvez-moi que ce monde normal auquel je recommence à prendre part est aussi intéressant que ce monde du jeu que j'abandonne et dans lequel j'ai vécu des aventures extraordinaires... »
De quoi ces « accrocs » aux jeux d'aventure sont-ils dépendants ? La question renvoie, sans surprise, à toutes les causes possibles d'une fuite devant la réalité, d'un refuge dans un monde alternatif. Ils sont en effet dépendants de l'illusion – mais n'est-ce qu'une illusion ? - du pouvoir, dépendants de sensations fortes et du désir d'évasion. Certains, ayant souffert pour « en sortir », trouvent la réalité ennuyeuse, moins passionnante que le monde du jeu : ils sont comparables en cela aux toxicomanes « héroïques » des années soixante-dix qui préféraient, affirmaient-ils, « mourir de plaisir » plutôt que « crever d'ennui ».
Commenter  J’apprécie          20
"L'attitude «rock and roll», «rebelle», «libérée», fut donc aussi, dès son origine, une grande libération dans la publicité et le marketing à destination des jeunes, qui devenaient un groupe disposant d'un certain pouvoir d'achat, avant de devenir le groupe prescripteur de la consommation familiale. Là encore, sous les couleurs de la libération du désir des jeunes, c'est leur embrigadement comme agents publicitaires de marques, ou de disques, ou de boissons, ou de cigarettes, qui est mis en œuvre.

Tous les champs de culture sont concernés, tous les mouvements, et tous les objets de consommation. En 1968, l'une des grandes figures des mouvements contestataires en France, Wolinski, libertaire et homme de gauche, fut aussi l'auteur des dessins d'une grande campagne publicitaire pour une barre chocolatée, promue par le slogan « Un coup de barre... et ça repart ! », au point qu'acheter ces friandises pouvait être vécu comme un acte libérateur, presque contestataire.
[pp. 120-121]
Commenter  J’apprécie          20

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marc Valleur (49)Voir plus

Quiz Voir plus

🐱 Citation, expression ou proverbe sur le chat 😺

Une ... de chat ?

Journée
Vie

14 questions
268 lecteurs ont répondu
Thèmes : chats , proverbes , expressionsCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..