Aujourd'hui, seules les immenses grues de Mandchourie, à la tête striée de noir et de touge, ignorent la partition du pays et retournent hiverner chaque année dans la plaine de Cheolwon, dès les premiers frimas de novembre. Venues des berges du fleuve Amour et du lac Ozero Khanka en Sibérie, elles survolent par groupes de trois, de quatre, les miradors et les barbelés. Sur les lèvres des Coréens qui, au Nord comme au Sud, observent la migration de ces oiseaux spectaculaires, un mot revient : han. [...] Le han représente l'indestructible poids du passé, une blessure ressentie dans sa chair, teintée de mélancolie et d'un fort sentiment d'injustice.