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Citation de Cielvariable


Bruits de la ville au loin. Joseph essaie de se replonger dans le journal mais s'en dégoûte aussitôt. Il le replie et le laisse tomber près de lui. Ce qui restait de jour dans la rue s'en va presque totalement, pendant qu'on entend la voix très pure d'un jeune garçon qui chante un cantique latin de l'office. Un réverbère s'allume. Joseph reprend ses béquilles et se lève. Comme il va monter les marches du perron pour entrer, il s'immobilise pour regarder venir Bertha, Edouard et Armand qui paraissent dans la rue. Armand marche près de Bertha et tient un missel dans sa main. Edouard les suit un peu en arrière.
JOSEPH : V’là la Sainte-Famille! Maudit qu'Armand fait un beau p'tit Jésus !
Il s'avance un peu à leur rencontre.

JOSEPH : Je vais parier, sa mère, que t'as prié pour ma jambe tout le temps du mois de Marie ?
BERTHA, qui passe sans le regarder : J'avais d'autres choses que ça à penser!
JOSEPH, qui les suit : T'as prié pour Marguerite, d'abord!
BERTHA entre dans la maison avec Armand. Sans tourner la tête : Ça te regarde pas pour qui j'ai prié.
Edouard jette un regard réprobateur à Joseph et entre à son tour. Joseph reste quelques secondes dans la rue, appuyé sur ses béquilles. Dans le living-room, Bertha enlève son chapeau et ses gants et se prépare à entrer dans sa chambre.
ARMAND, qui suspend son veston et qui parle surtout pour Edouard : Après ce qu'on a fait pour lui, il devrait se montrer moins arrogant.
BERTHA : Si j'avais été là, ça se serait jamais fait. (Joseph entre à son tour. Bertha fait volte-face comme elle l’aperçoit.) Fleurette est pas ici ?
JOSEPH : Est sortie avec son étudiant. Y est correct le p'tit gars.
BERTHA : Je sais pas si c'est vrai Armand, mais paraît que sa famille est assez riche.
ARMAND : C'est son premier cavalier qui a du bon sens.
JOSEPH : Ça t'intéresse les "cennes" des autres, hein Bertha ? On dirait qu'y a des signes de piastres qui s'allument dans tes yeux quand t'en parles.
BERTHA : Edouard! Dis lui de plus m'insulter comme ça!
JOSEPH : Et puis t'as hâte de la marier Fleurette, t'as hâte de la voir partir de la maison. Si t'avais pu, c'est une fille que t'aurais jamais eue.
BERTHA : Je peux plus l'endurer, ça sert à rien, je peux plus l'endurer.
EDOUARD, à Joseph : Pense donc un peu au service qu'on t'a rendu.
JOSEPH : Si vous l'aviez pas fait, le père, j'aurais été en prison, ça aurait paru clans le journal et puis ça vous aurait salis. Les affaires d'Armand s'en seraient ressenties, pas vrai ?
ARMAND : La reconnaissance ça existe pas pour lui.
JOSEPH : Je n’ai pas demandé à revenir ici. C'est vous autres qui m'avez fait sortir de l'hôpital. Si vous êtes pas contents je peux sacrer mon camp. J'ai jamais léché les pieds de personne ! Je suis pas pour commencer ce soir.
EDOUARD : Joseph! Veux-tu me dire ce que t'as au fond de la tête ? Veux-tu me dire à quoi tu penses au juste ?
BERTHA : C'est rien qu'une tête croche, rien qu'une tête vide ! Sa place est pas ici, sa place est à Saint-Jean-de-Dieu.
Et elle n'enferme dans sa chambre en fermant la porte violemment.
ARMAND : C'est toujours comme ça que ça retourne avec toi.
JOSEPH : Je fais pas exprès. A chaque mot que je dis vous vous choquez !
EDOUARD : T'as pas de cœur, d'abord? T'as pas de cœur ?
JOSEPH : Ça doit pas. Y est mort quand j'étais jeune. (Le texte a été largement remanié.
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