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Citations de Marcel Dubé (32)


— Des adultes! Des hommes et des femmes qui peuvent pas supporter leur solitude, qui sont incapables de regarder leur vie en face.
Des adultes! Des hommes et des femmes qui sont pas faits pour vivre ensemble mais qui sont pas assez courageux pour se l’avouer, pour se séparer. Leur seule évasion possible : l’alcool, leurs seuls plaisirs : la danse, les potins, les farces grossières, leurs seuls désirs : les maris ou les femmes des autres [...] (p.29-30)
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Dors, mon beau chef, dors, mon beau garçon, coureur de rues et sauteur de toits, dors, je veille sur toi, je suis restée pour te bercer...
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Comment parler de liberté quand nous avons renoncé au départ à la splendeur de l’acte d’aimer, aux merveilleux plaisirs des sens? Comment parler de vie quand nous sommes privés de l’air qu’il nous faut pour respirer. (p. 161)
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CIBOULETTE — Passe par les toits comme t'es venu.
TARZAN — C'est le seul chemin possible, je pense. (Il se dirige du côté des toits, il regarde, il inspecte puis il s'approche de son trône, se penche, soulève la caisse et prend son pistolet. Puis il revient vers Ciboulette.) Écoute. Je sais qu'ils vont me descendre au tournant d'une rue... Si je pouvais me sauver, je le ferais, mais c'est impossible.
CIBOULETTE — Il te reste une chance sur cent, faut que tu la prennes.
TARZAN — Non. Y est trop tard. J'aime mieux mourir ici que mourir dans la rue. (Il vérifie le fonctionnement du pistolet et le met dans sa poche.) J'aime mieux les attendre. Quand ils seront là, tu t'enfermeras dans le hangar pour pas être blessée. S'ils tirent sur moi, je me défends jusqu'à la fin, s'ils tirent pas, je me rends et ils m'emmènent.
Les sirènes arrivent en premier plan et se taisent.CIBOULETTE — T'es lâche, Tarzan.
TARZAN — Ciboulette!
CIBOULETTE — Tu veux plus courir ta chance, tu veux plus te battre et t'es devenu petit. C'est pour ça que tu m'as donné l'argent. Reprends-le ton argent et sauve-toi avec.
TARZAN — Ça me servira à rien.
CIBOULETTE — Si t'es encore un homme, ça te servira à changer de pays, ça te servira à vivre.
TARZAN — C'est inutile d'essayer de vivre quand on a tué un homme.
CIBOULETTE — Tu trouves des défaites pour oublier ta lâcheté. Prends ton argent et essaie de te sauver.
TARZAN — Non.
CIBOULETTE — Oui. Elle lui lance l'argent au visage. C'est à toi. C'est pas à moi. Je travaillais pas pour de l'argent, moi. Je travaillais pour toi. Je travaillais pour un chef. T'es plus un chef.
TARZAN — Il nous restait rien qu'une minute et tu viens de la gaspiller.
CIBOULETTE — Comme tu gaspilleras toute ma vie si tu restes et si tu te rends.
TARZAN — Toi aussi tu me trahis, Ciboulette. Maintenant je te mets dans le même sac que Passe-Partout, dans le même sac que tout le monde. Comme au poste de police, je suis tout seul. Ils peuvent venir, ils vont me prendre encore. Il fait le tour de la scène et crie : Qu'est-ce que vous attendez pour tirer? Je sais que vous êtes là, que vous êtes partout, tirez!... tirez donc!
CIBOULETTE, elle se jette sur lui -- Tarzan, pars, pars, c'était pas vrai ce que je t'ai dit, c'était pas vrai, pars, t'as une chance, rien qu'une sur cent c'est vrai, mais prends-la, Tarzan, prends-la si tu m'aimes... Moi je t'aime de toutes mes forces et c'est là où il reste un peu de vie possible que je veux t'envoyer... Je pourrais mourir tout de suite rien que pour savoir une seconde que tu vis.
TARZAN la regarde longuement, prend sa tête dans ses mains et l'effleure comme au premier baiser — Bonne nuit, Ciboulette.
CIBOULETTE — Bonne nuit, François... Si tu réussis, écris-moi une lettre.
TARZAN — Pauvre Ciboulette... Même si je voulais, je sais pas écrire. Il la laisse, escalade le petit toit et disparaît. Un grand sourire illumine le visage de Ciboulette.
CIBOULETTE — C'est lui qui va gagner, c'est lui qui va triompher... Tarzan est un homme. Rien peut l'arrêter : pas même les arbres de la jungle, pas même les lions, pas même les tigres. Tarzan est le plus fort. Il mourra jamais.
Coup de feu dans la droite.
CIBOULETTE — Tarzan! Deux autres coups de feu.
CIBOULETTE — Tarzan, reviens !
Tarzan tombe inerte sur le petit toit. Il glisse et choit par terre une main crispée sur son ventre et tendant l'autre à Ciboulette. Il fait un pas et il s'affaisse. Il veut ramper jusqu'à son trône mais il meurt avant.
CIBOULETTE — Tarzan!
Elle se jette sur lui. Entre Roger, pistolet au poing. Il s'immobilise derrière les deux jeunes corps étendus par terre. Ciboulette pleure. Musique en arrière-plan.
CIBOULETTE — Tarzan! Réponds-moi, réponds-moi... C'est pas de ma faute, Tarzan... c'est parce que j'avais tellement confiance... Tarzan, Tarzan, parle-moi... Tarzan, tu m'entends pas?... Il m'entend pas... La mort l'a pris dans ses deux bras et lui a volé son cœur... Dors mon beau chef, dors mon beau garçon, coureur de rues et sauteur de toits, dors, je veille sur toi, je suis restée pour te bercer... Je suis pas une amoureuse, je suis pas raisonnable, je suis pas belle, j'ai des dents pointues, une poitrine creuse... Et je savais rien faire; j'ai voulu te sauver et je t'ai perdu... Dors avec mon image dans ta tête. Dors, c'est moi Ciboulette, c'est un peu moi ta mort... Je pouvais seulement te tuer et ce que je pouvais, je l'ai fait... Dors... Elle se couche complètement sur lui.
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Joseph: Je vais t'expliquer quelque chose. Si tu passes toute ta vie à étouffer dans le même p'tit coin, tu vieillis sans rien apprendre. Et puis un jour t'aperçois que ta peau a pris la même couleur que celle de la brique. C'est ça que je veux dire.
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dans la vie, l'amour n'existait pas
sans la haine, que la lâcheté n'existait sans l'orgueil,
le courage sans la peur, la naïveté sans la
rancœur .
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Je suis pas venu ici pour trouver de l'argent, je suis venu pour t'embrasser et te dire que je t'aimais.
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PREMIER ACTE
SCÈNE 1

Dans le noir total, on entend une voix d'homme qui chante.
Nous étions tous des camarades
Que la guerre avait réunis
Fusil au poing pour les parades
Nos cœurs étaient couleurs khaki.
Je me souviens des camarades
Qui chantaient pour ne pas pleurer
La bièr’ l'amour n’étaient pas fades
Les jours où nous avions congé.
Puis le rideau s’ouvre. Il n’y a d'abord que le cadran d’un vieil appareil de radio qui soit allumé dans tout le décor.


VOIX DE L'ANNONCEUR, un éclairage de plein jour s'établit très lentement dans la rue inférieure et chez les Latour où on ne trouve que Bertha qui écoute la radio: C'est donc aujourd'hui, aujourd'hui sept mai
1945, date qui restera à jamais inoubliable, qu'aux premières heures de la nuit dans une petite école de
Reims en France, quartier du général Eisenhower, fut signée la capitulation sans condition de l'Allema­gne et qu'a pris fin la guerre la plus désastreuse de toute l'histoire du monde qui a duré cinq ans, huit mois et six jours et qui a fait dans les camps alliés et ennemis environ quarante millions de victimes. Avouant que toute résistance était devenue inutile, que les grandes ambitions du Troisième Reich n'étaient plus que cendres et qu'illusions, l'amiral allemand Karl Dönitz a ordonné à toutes ses armées de se rendre sans conditions. C'est ce matin même, à neuf heures trente-cinq minutes que la radio cana­dienne pouvait enfin transmettre cette nouvelle reçue de la Presse Associée. Mais ce sont les Allemands qui les premiers ont annoncé la fin des hostilités, avant même que...

Bertha, que tout cela semble laisser indifférente ou ennuyer, se lève pour choisir un autre poste où l'on peut entendre le Soldat Lebrun qui chante: «Je suis loin de toi, mignonne». Bertha s'écrase de nouveau dans son fauteuil pour écouter à son aise cette chanson qui sem­ble la ravir béatement. Dehors, dans la rue, des enfants sautillent sur le trottoir en jouant à la marelle et en criant en les scandant bien, sans trop comprendre ce­pendant, les mots miraculeux: «/a guerre est finie, la guerre est finie....» De loin, en se rapprochant on entend la voix de Fleurette qui sème sa joie dans le quartier, avant d'entrer en scène.

VOIX DE FLEURETTE: Joseph ira pas au front! La guerre est finie! Joseph ira pas au front!... (Puis elle paraît dans la rue, très jeune, très enjouée, toute essoufflée pour se précipiter dans la maison pendant que les enfants sortent de scène en courant.)
FLEURETTE, répétant: La guerre est finie! Joseph ira pas au front!... (S'élance vers sa mère qui demeure amor­phe.) T'as compris, m'man? La guerre est finie! Jo­seph ira pas au front! La guerre est finie pour tou­jours!
BERTHA: Excite-toi donc pas comme ça! Je le sais que la guerre est finie. C'est ce qu'ils nous répètent de­puis une heure à la radio.
FLEURETTE: Et puis, t'es pas contente? T'es pas remplie de joie?
BERTHA: C'est un peu trop loin pour moi, l'Europe...
FLEURETTE: Mais Joseph?.. Il va revenir, m'man! Il va revenir avant même d'être parti! Ça va être la paix dans le monde!... Y aura plus de guerre! Y aura plus jamais de guerre!
BERTHA: Tu peux trouver ça beau mais si tu te servais de ta «jugeotte» tu penserais aussi aux désavantages que ça représente.
FLEURETTE: Mais quels désavantages? J'en vois pas m'man.
BERTHA: Ton frère Joseph que t'aimes tant... C'est quand il est parti pour Halifax qu'on a commencé à respirer
à l'aise dans la maison.
FLEURETTE: C'est pas un si mauvais garçon que ça, m'man.
BERTHA: Tu verras, tu verras... Mais le pire c'est que vous allez perdre vos emplois, Marguerite et toi.
FLEURETTE: Je m'en trouverai un autre ailleurs.
Pendant qu'elIe converse avec sa mère, Fleurette se passe une blouse plus fraîche et se recoiffe du mieux qu'elIe peut.
BERTHA: Facile à dire... Marguerite gagnait un bon salaire à «l'avionnerie»...
FLEURETTE: Elle aussi va se débrouiller. Sois pas inquiè­te pour elle.
ElIe fait subitement volte-face et se dirige rapidement vers la porte de la sortie.
BERTHA: Où est-ce que tu vas?
FLEURETTE: Dehors! Ils nous ont donné congé! C'est plein de monde dans les rues. Tu devrais voir comme
c'est gai!... Tu devrais voir, m'man!
BERTHA: Quand je veux m'amuser je me paye une jour­née au Parc Belmont... Fleurette! (ElIe est déjà sor­tie et ne peut l'entendre.) Laisse-toi pas tripoter par n'importe qui!
Mais Fleurette est loin. Ennuyée Bertha éteint la radio et se lève. Dans la rue passe madame Brochu qui re­vient de la ville. Des enfants la suivent et se moquent d'elle. Dans une main elle a un «shopping bag» et dans l'autre son parapluie.
LES ENFANTS: Mémère Trente-sous!... Mémère Trente­ sous!...
BROCHU, qui se retourne menaçante et lève son parapluie en l'air: Tas de p'tits vauriens! Je vais vous en faire voir, moi, des trente-sous!...
LES ENFANTS ricanent et continuent: Mémère Trente sous! Mémère Trente-sous! Vous promenez pas vos
chats aujourd'hui?
Elle fait un pas dans leur direction.
BROCHU: P'tits polissons! P'tits malélevés!... Vous devriez être à l'école!... .
Les enfants ricanent de plus belle et s'enfuient. Pendant ce temps Bertha est allée se poster à la fenêtre, accoudée sur un oreiller.
BERTHA: C'est parce que vous vous en occupez que les enfants vous agacent comme ça, madame Brochu.
BROCHU: Je vais me plaindre à leurs parents. Je vais les faire arrêter par la police, c'est l'école de Réforme
qu'il leur faut.
BERTHA: Pauvre vous! Si j'étais à votre place... (Elle n'achève pas. Voyant le sac qu'elle porte.) Mais vous êtes allée en ville?
BROCHU: Malheureusement, oui. Je le regrette assez! C'est plein de fous dans les rues. On a voulu me voler
mon parapluie.
BERTHA: Si c'est rien que ça, c'est pas grave.
BROCHU: Et puis vous?.. (Se rapproche, l'oeil malicieux.) Votre Joseph?
BERTHA: C'est pas mon Joseph! C'est le Joseph à son père...
BROCHU: Il va revenir!
BERTHA: Ça m'en fait un pli ça, mère Brochu!
BROCHU: C'est pourtant pas ce qui vous manque, Bertha!
BERTHA: Pardon?
BROCHU: Je dis que c'est tant mieux pour lui. Il ira pas perdre son âme en France.
BERTHA: Comme s'il avait besoin d'aller si loin pour ça.
BROCHU: Excusez-moi mais faut que j'aille nourrir mes chats.
BERTHA: Je vous retiens pas.
BROCHU: J'espère qu'on aura le plaisir...
Elle sort.
BERTHA hausse les épaules: Vieille folle!...
Elle s'accoude immobile à la fenêtre pendant qu'on entend en arrière-plan la voix du marchand de fruits.
MARCHAND: On a des tomates, des radis, des concombres à vendre;
On a des oranges, des melons, des bananes à vendre; Belles tomates? Belles oranges, madame?
C'est pas cher!... Six pour vingt cennes, les oranges... Non?.. Merci, madame.
On a des tomates, des radis, des concombres à vendre; On a des oranges, des melons, des bananes à vendre...
Et déjà sa voix se perd lentement en même temps que tout l'éclairage diminue graduellement et qu'on entend la voix d'homme du début qui chante en arrière-plan.

Rien ne sépar' des camarades
À qui personne n'a dit merci
Et nos fusils et nos grenades
Ne nous auront jamais servi.

Tu resteras mon camarade
Et le jour où je m'en irai
Je t'écrirai une ballade
Qui chantera notre amitié.
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Dors avec mon image dans ta tête. Dors, c'est moi Ciboulette, c'est un peu moi ta mort... Je pouvais seulement te tuer et ce que je pouvais, je l'ai fait...
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J'espérais que ce soit pas lui... Je pensais à mon garçon qui a son âge et qui trouve la vie facile... Ça me fait drôle.
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tu voudras lui avouer ton amour, et il sera trop tard, ça sera plus possible...
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Bruits de la ville au loin. Joseph essaie de se replonger dans le journal mais s'en dégoûte aussitôt. Il le replie et le laisse tomber près de lui. Ce qui restait de jour dans la rue s'en va presque totalement, pendant qu'on entend la voix très pure d'un jeune garçon qui chante un cantique latin de l'office. Un réverbère s'allume. Joseph reprend ses béquilles et se lève. Comme il va monter les marches du perron pour entrer, il s'immobilise pour regarder venir Bertha, Edouard et Armand qui paraissent dans la rue. Armand marche près de Bertha et tient un missel dans sa main. Edouard les suit un peu en arrière.
JOSEPH : V’là la Sainte-Famille! Maudit qu'Armand fait un beau p'tit Jésus !
Il s'avance un peu à leur rencontre.

JOSEPH : Je vais parier, sa mère, que t'as prié pour ma jambe tout le temps du mois de Marie ?
BERTHA, qui passe sans le regarder : J'avais d'autres choses que ça à penser!
JOSEPH, qui les suit : T'as prié pour Marguerite, d'abord!
BERTHA entre dans la maison avec Armand. Sans tourner la tête : Ça te regarde pas pour qui j'ai prié.
Edouard jette un regard réprobateur à Joseph et entre à son tour. Joseph reste quelques secondes dans la rue, appuyé sur ses béquilles. Dans le living-room, Bertha enlève son chapeau et ses gants et se prépare à entrer dans sa chambre.
ARMAND, qui suspend son veston et qui parle surtout pour Edouard : Après ce qu'on a fait pour lui, il devrait se montrer moins arrogant.
BERTHA : Si j'avais été là, ça se serait jamais fait. (Joseph entre à son tour. Bertha fait volte-face comme elle l’aperçoit.) Fleurette est pas ici ?
JOSEPH : Est sortie avec son étudiant. Y est correct le p'tit gars.
BERTHA : Je sais pas si c'est vrai Armand, mais paraît que sa famille est assez riche.
ARMAND : C'est son premier cavalier qui a du bon sens.
JOSEPH : Ça t'intéresse les "cennes" des autres, hein Bertha ? On dirait qu'y a des signes de piastres qui s'allument dans tes yeux quand t'en parles.
BERTHA : Edouard! Dis lui de plus m'insulter comme ça!
JOSEPH : Et puis t'as hâte de la marier Fleurette, t'as hâte de la voir partir de la maison. Si t'avais pu, c'est une fille que t'aurais jamais eue.
BERTHA : Je peux plus l'endurer, ça sert à rien, je peux plus l'endurer.
EDOUARD, à Joseph : Pense donc un peu au service qu'on t'a rendu.
JOSEPH : Si vous l'aviez pas fait, le père, j'aurais été en prison, ça aurait paru clans le journal et puis ça vous aurait salis. Les affaires d'Armand s'en seraient ressenties, pas vrai ?
ARMAND : La reconnaissance ça existe pas pour lui.
JOSEPH : Je n’ai pas demandé à revenir ici. C'est vous autres qui m'avez fait sortir de l'hôpital. Si vous êtes pas contents je peux sacrer mon camp. J'ai jamais léché les pieds de personne ! Je suis pas pour commencer ce soir.
EDOUARD : Joseph! Veux-tu me dire ce que t'as au fond de la tête ? Veux-tu me dire à quoi tu penses au juste ?
BERTHA : C'est rien qu'une tête croche, rien qu'une tête vide ! Sa place est pas ici, sa place est à Saint-Jean-de-Dieu.
Et elle n'enferme dans sa chambre en fermant la porte violemment.
ARMAND : C'est toujours comme ça que ça retourne avec toi.
JOSEPH : Je fais pas exprès. A chaque mot que je dis vous vous choquez !
EDOUARD : T'as pas de cœur, d'abord? T'as pas de cœur ?
JOSEPH : Ça doit pas. Y est mort quand j'étais jeune. (Le texte a été largement remanié.
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EDDY : […] Tu n'as pas encore vécu, il sera trop tard, tu auras tout perdu.
FLORENCE : Taisez-vous, Eddy.
EDDY : Tu me tutoyais tout à l'heure.
FLORENCE : Je me suis oubliée.
EDDY : Oublie-toi encore. Tu vas voir, c'est facile, tu vas te sentir moins à l'étroit, tu seras plus à l'aise.
FLORENCE : Il y a Maurice Eddy, je ne peux pas oublier Maurice.
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Écoute Florence...Tu t'apprêtes à devenir une femme, tu vas à avoir à choisir...Ou bien tu t'affranchis complètement de l'éducation que tu as reçue, ou bien tu restes emprisonnée dans ta p'tite vie . Tu restes ce que tes parents ont voulu que tu sois ; une p'tite fille banale comme on en rencontre des milliers dans la vie, et tu te maries à un bon p'tit diable qui a juste d'imagination pour te faire des enfants et t'amener à l'église le dimanche...Si tu veux connaître une vie plus intéressante, je suis là pour t'ouvrir les portes. Je suis là pour te révéler à toi-même, pour t'apprendre qu'il y a des richesses en toi que tu risques de laisser dormir jusqu'à la fin de ta vie.
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Dans tous les jardins du monde, quand il y a une fleur qui meurt, les jardiniers s'arrangent pour qu'il en pousse une autre à la place. C'est comme dans le cœur des petites filles. Quand un oeillet se fane, un autre se prépare à éclore. Et la vie s'emplit de son parfum.
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Le seul homme que j’ai aimé était mon père et je ne le savais pas.
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GASTON — T'as accusé ta mère, maintenant je veux que tu m'accuses.
PIERRE — Tu ne devrais pas attacher d'importance à ses paroles.
GASTON, qui, pour la première fois, se fâche — Ferme-toi, Florence veut me parler, je veux qu'on la laisse me parler.
FLORENCE — Regarde papa, regarde tout ce qu'il y a autour de nous. Regarde les meubles, les murs, la maison : c'est laid, c'est vieux, c'est une maison d'ennui. Ça fait trente ans que tu vis dans les mêmes chambres, dans la même cuisine, dans le même « living-room ». Trente ans que tu payes le loyer mois après mois. T'as pas réussi à être propriétaire de ta propre maison en trente ans. T'es toujours resté ce que tu étais : un p'tit employé de Compagnie qui reçoit une augmentation de salaire tous les cinq ans. T'as rien donné à ta femme, t'as rien donné à tes enfants que le strict nécessaire. Jamais de plaisirs, jamais de joies en dehors de la vie de chaque jour. Seulement Pierre qui a eu la chance de s'instruire : c'est lui qui le méritait le moins. Les autres, après la p'tite école, c'était le travail ; la même vie que t'as eue qui les attendait. Ils se sont mariés à des filles de rien pour s'installer dans des maisons comme la nôtre, grises, pauvres, des maisons d'ennui. Et pour moi aussi, ce sera la même chose si je me laisse faire. Mais je ne veux pas me laisser faire, tu comprends papa ! La vie que t'as donnée à maman ne me dit rien, je n'en veux pas ! Je veux mieux que ça, je veux plus que ça. Je ne veux pas d'un homme qui se laissera bafouer toute sa vie, qui ne fera jamais de progrès, sous prétexte qu'il est honnête ; ça ne vaut pas la peine d'être honnête si c'est tout ce qu'on en tire ...
ANTOINETTE — Tu vas trop loin, Florence !
FLORENCE — Je préfère mourir plutôt que de vivre en esclavage toute ma vie.
ANTOINETTE — Tu ne sais plus ce que tu dis. Tu ne sais plus ce que tu dis parce que tu ne connais rien de la vie. Mais moi je vais t'apprendre ce que c'est. Pour avoir parlé de ton père comme tu viens de le faire, faut pas que tu l'aimes beaucoup, faut pas que tu le connaisses. Je vais te dire ce qu'il est ton père, moi !
GASTON — Je ne te demande pas de me défendre, ma vieille. Ce que Florence a dit de moi est vrai.
ANTOINETTE — C'est peut-être vrai dans un sens, mais ça ne l'est pas dans l'autre... Ton père, Florence, est d'une génération qui va s'éteindre avec lui... Pas un jeune d’aujourd’hui pourrait endurer ce qu'il a enduré. A vingt ans, c'était un homme qui avait déjà pris tous les risques qu'un homme peut prendre. Avoir une situation stable, sais-tu ce que ça représentait alors ? T'en doutes-tu ? Ça représentait le repos, la tranquillité, le droit de s'installer et de vivre en paix. Ton père, Florence... c'est pas un grand homme. Jamais été riche mais toujours resté honnête. Trois fois au cours des années il aurait pu gagner beaucoup d'argent à travailler pour un député rouge. Deux fois pour un député bleu. Il l'aurait achetée sa maison s'il l'avait voulu, mais il a refusé… Tu peux lui en vouloir pour ça, tu peux encore lui faire des reproches?... Parle! Réponds! (Accablée, Florence penche la tête incapable de répondre.)
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VINCENT : Les lilas s'en vont déjà !
JOHANNE : Je me demande pourquoi ils ne durent pas plus longtemps ?
VINCENT : Tout ce qui est beau est éphémère.
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Je ne lis jamais le journal. J'ai cessé de lire le journal il y a dix ans. Le jour où les Américains ont laissé tomber une bombe atomique sur la tête des Japonais. Après une bêtise semblable, j'ai résolu que le monde ne valait plus la peine que je m'intéresse à lui.
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J’ai donné ton nom à ma rivière
Et les prairies et les collines furent noyées
Les fleurs et les paroles sont coupées
Les forêts jusqu’aux cimes
Sont gagnées par la vague
Et la terre stérile
N’est plus qu’une lointaine mémoire

N’existent plus que de grandes
eaux désertes
Qu’un pays enseveli
Où désormais je sommeille
sans dormir
Où je rêve à ciel ouvert
Les nuits cousues d’images antérieures
Les jours appelant
à pas feutrés
L’amour qui passe sans s’arrêter
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