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Citation de collectifpolar


Ça ne changeait pas grand-chose pour moi, néanmoins. Guerre ou pas guerre, mes fonctions resteraient les mêmes. Mon boulot consistait à écrire les vingt secondes de texte qui précèdent un reportage, ce moment au cours duquel le présentateur prend un air grave, ou légèrement amusé, selon le sujet, en s’adressant à la caméra. Parfois j’écrivais les mots qui apparaissaient comme par magie sous la tête de la personne interviewée. Et parfois j’allais chercher un invité dans la salle de maquillage pour le guider dans le labyrinthe de couloirs jusqu’au studio. Et à l’occasion, j’écrivais un reportage entier pour coller aux images qui étaient arrivées par satellite. Dans ces cas-là, mon nom apparaissait au début, précédé de la mention « Un reportage de » – mention qui exagère sans doute la valeur journalistique de la centaine de mots que j’avais bricolée avec les dépêches. Et à la fin du reportage je terminais par : « Damien March, BBC News », ce qui – parce que je ne faisais aucune mention de lieu – revenait implicitement à admettre que j’effectuais mon compte rendu des événements qui se produisaient à Prague, Sarajevo, ou n’importe où ailleurs, depuis les entrailles de Shepherd’s Bush. Jadis, j’avais rêvé d’être « Damien March, BBC News, Madrid » ou « Damien March, BBC News, à bord de l’USS Saratoga », mais je n’étais jamais plus que Damien March, BBC News, et j’étais souvent moins.
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