Dis-moi quel opium il faudra que j’absorbe
Quel suc étrange il faudra mélanger à l’euphorbe,
Fût-il mortel, pour te revoir dans mon sommeil
Et retrouver encor, dans un songe vermeil,
Au milieu du printemps et des jeux de naguère,
Ta voix changeante, tour à tour grave et légère,
La lumière pensive et calme de tes yeux
Et la chanson de tout ton corps harmonieux ;
Ah ! Pour l’illusion de te croire présente,
Prépare avec magie et de tes mains savantes
Le rare et vénéneux philtre de volupté,
Et j’en boirai la lie avec avidité.