Hergé restera toujours un frère spirituel très en retrait de personnages comme l’abbé ou Léon Degrelle. Il ne s’inspirera jamais de leur engagement et ne partagera jamais leur besoin d’action. Pour cette raison, on ne peut prétendre que Hergé ait jamais trahi son pays ni qu’il ait collaboré avec l’ennemi. Déjà, avant la guerre, il voulut rester à l’écart des grandes manoeuvres idéologiques et, durant le conflit, il aurait préféré rester politiquement invisible. Mais son passé, son éducation et ses fréquentations avaient rendu cela impossible. Il emboîta toujours le pas de « vieilles connaissances » qui tous prirent finalement la route menant à l’Ordre Nouveau, le seul « droit chemin », selon Norbert Wallez ! […] Quoi qu’il soit, Hergé resterait toute sa vie convaincu qu’il avait toujours bien agi.
"Tu verras que, d'ici peu, les albums Tintin atteindront, dans le commerce noir, des prix astronomiques !"
Comment ne pas sourire en lisant cette réponse tout à la fois plaisante, ironique et prémonitoire de George Remi - désormais et pour l'éternité Hergé, créateur de Tintin - à son éditeur qui lui annonce en novembre 1941 que l'album Le Crabe aux pinces d'or est épuisé ?
C'est, en effet, de sommes astronomiques qu'il va parfois être question dans cet ouvrage consacré aux débuts de l'œuvre d'Hergé.
(prologue - page 5)