Parmi les néo-avant-gardes des années 1960, qui se distinguent par une certaine austérité et concèdent peu de place à la séduction esthétique, l'une des premières est le minimalisme, ou art minimal, apparu aux États-Unis au début de la décennie. Au premier abord et à juste titre, l'art minimal semble constituer le contraire du Pop Art : face aux tableaux extrêmement colorés et aux objets quotidiens élevés au rang d'oeuvre d'art, les artistes minimalistes proposent des structures simples et élémentaires, réalisées avec des matériaux bruts, comme le fer, ou tout au plus en cuivre poli ou en acier, formes «minimes» parce que précisément constituées d'éléments minimaux, sans lesquels il ne pourrait exister quelque forme que ce soit. Pavement fait de carreaux, éléments rangés verticalement sur le mur, grands parallélépipèdes occupant toute une pièce, compositions linéaires en tubes au néon blanc ou de couleur : autant d'exemples typiques de ce que l'on entend par minimalisme, c'est-à-dire visant à la prise de conscience de formes élémentaires, à une espèce d'évidement contemplatif, à la perception d'une forme pure. Il s'agit ainsi d'une sorte de raisonnement circulaire, qui force l'esprit à considérer l'existence d'une forme absolue, une fois que sont éliminés tous les facteurs contingents, transitoires, superficiels.