Je pense à ce qu’a dit la mère de Marius. Ça a l’air facile la vie pour elle. Rien n’est grave, ce doit être un truc de mère.
Je crois qu’elle se trompe quand elle dit que je suis la sœur cachée de Marius. Ce n’est pas comme un frère. Ce n’est pas un amoureux non plus.
On a gardé que le bon dans notre relation. Que le simple, le drôle, le facile. On a laissé de côté les engueulades, la jalousie et la tendresse. C’est mieux comme ça.
Quand je rentre, je sens bien que ce n’est pas sur Marius, ni sur les garçons en général, que mon regard se pose.
Dans notre maison, la salle de bain du haut n’a pas de verrou. C’est dans la liste des projets de bricolage de mon père, mais comme beaucoup d’autres points, il reste à l’état de projet.
À force de regarder dans le vide, mes yeux se posent sur elle. Entre les épaules de ma mère et la carafe, posée sur l'étagère, il y a une photo d'elle. Il y a quelques années, elle a perdu son amour. Puis la mémoire. Puis la tête. Elle ne vivait que pour lui. Alors, quand il est parti, elle a tout oublié. Pour survivre peut être ?
Quoi de plus personnel que quelqu'un qui s'enfouit dans un livre ?