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Citation de Nieva


La neige des narcisses était restée vierge de toute empreinte humaine : ceux qui venaient de voler Dieu avaient marché dans le ciel. Le jardinier courbé sur le sol sarclait une plate-bande : il leva la tête sous son grand chapeau de paille qui l'auréolait de soleil et d'été ; je tombai à genoux, envahie par ce doux tremblement des femmes amoureuses qui croient sentir se répandre dans tout leur corps la substance de leur cœur. Il avait sur l'épaule le râteau qui lui sert à effacer nos fautes : il tenait à la main le peloton de fil et le sécateur confiés par les Parques à leur frère éternel. Il se préparait peut-être à descendre aux Enfers par la route des racines. Il savait le secret du remord des orties, de l'agonie du ver de terre : la pâleur de la mort était restée sur lui, de sorte qu'il avait l'air de s'être déguisé en lys. Je devinais que son premier geste serait pour écarter la pécheresse contaminée par le désir. Je me sentais limace dans cet univers de fleurs. L'air était si frais que mes paumes levées eurent la sensation de s'appuyer à une glace : mon maître mort avait passé de l'autre côté du miroir du Temps.

(Marie-Madeleine)
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