Contrairement à la plupart des hommes un peu réfléchis, je n'ai pas plus l'habitude du mépris de soi que de l'amour-propre ; je sens trop que chaque acte est complet, nécessaire et inévitable, bien qu'imprévu à la minute qui précède, et dépassé à la minute qui suit. Pris dans une série de décisions toutes définitives, pas plus qu'un animal, je n'avais eu le temps d'être un problème à mes propres yeux. Mais si l'adolescence est une époque d'inadaptation à l'ordre naturel des choses, j'étais certes resté plus adolescent, plus inadapté que je ne le croyais, car la découverte de ce simple amour de Sophie provoqua en moi une stupeur qui allait jusqu'au scandale.