Des oeuvres de Mani en araméen oriental, aucune n'a survécu, aucune n'a été retrouvée intégralement dans sa forme primitive ou en traductions dans les langues occidentales ou iraniennes. Les fragments épars qui subsistent dans le compilations manichéennes postérieures à Mani ou chez les auteurs chrétiens et musulmans font apparaître la raison d'être didactique et politique de la pratique manichéenne de l'écriture. Mani écrit pour communiquer au roi et à la cour la "bonne nouvelle" de sa prophétie ("l'évangile vivant"), pour fixer celle-ci dans la mémoire de ses communautés par sa correspondance (les Lettres), et par les chants liturgiques (les Psaumes et prières formant un seul écrit), enfin pour l'expliquer te la commenter sans cesse. Pour ces commentaires, il utilisera les formes traditionnelles de l'exégèse allégorique (le Trésor et les Mystères), ou bien se servira de représentations graphiques (l'Image), ou encore se nourrira de l'imaginaire des légendes propres au milieu araméophone de la Babylonie (le Livre des Géants et la Pragmateia).
Michel Tardieu, p. 138