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Citation de viedefun


— C’est un plaisir de vous rencontrer, lui avais-je dit en laissant retomber ma main. Mon nouveau patron m’avait observée avec attention, et ses yeux – de cette nuance oscillant entre le bleu irréel et le vert – étaient retournés vers M. Cooper une dernière fois avant de revenir vers moi. Je ne m’attendais pas à la question qui était sortie presque aussitôt de sa bouche : — Tu es assez âgée pour travailler ici ? m’avait-il demandé. Je n’avais jamais entendu une voix comme la sienne, qui tenait plus du grondement que d’autre chose. Je n’avais pu m’empêcher de glisser un regard vers mon patron de toujours, parce qu’il m’avait posé quasiment la même question juste avant de me proposer un boulot à mes dix-sept ans. Alors, mon sourire s’était élargi et j’avais reporté mon attention sur l’homme aux tatouages sombres qui lui remontaient jusqu’à la mâchoire. — Oui. Il n’avait pas sourcillé, et ses yeux bleu-vert, rendus encore plus perçants par ses cils noirs courts mais très courbés, s’étaient de nouveau plissés. — Depuis combien de temps tu bosses ici ? — Six ans, avais-je rétorqué d’un air aussi impassible que lui. Il avait cligné des yeux avant de continuer à m’interroger de sa voix grave et rauque : — Et qu’est-ce que tu sais sur la peinture ? Qu’est-ce que je savais sur la peinture ? J’avais failli en perdre mon sourire, mais j’étais parvenue à le garder plaqué sur mon visage. Ce type n’était pas la première personne à me poser cette question. J’étais l’une des rares femmes de ma connaissance à travailler dans un atelier de carrosserie. Quand j’étais petite, je ne m’étais jamais dit que je finirais par peindre des voitures ou des pièces détachées pour gagner ma vie. Je me serais encore moins doutée que je finirais par adorer ça et être plutôt douée, sans vouloir me vanter. C’était ainsi, la vie était pleine de surprises. Alors j’avais dit la vérité à cet homme qui était en train de faire exactement la même erreur qu’à peu près toutes les personnes que j’avais rencontrées dans ma vie. — Je sais tout sur la peinture. Je lui avais souri, parce que ce n’était pas de l’arrogance. C’était la pure vérité ; et j’avais vu M. Cooper se dérider en entendant ma réponse. Le nouveau venu avait de nouveau cligné des yeux et sa voix s’était faite encore plus grave tandis qu’il poursuivait, en haussant les sourcils : — Qu’est-ce que tu sais de la réparation de carrosserie ? Réparer les imperfections sur une carrosserie, qu’elles soient minimes ou au contraire très importantes, représentait une partie du travail effectué à l’atelier. Sans me départir de mon sourire, j’avais répondu : — Presque autant.
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