Le renouveau de l'Art Sacré.
Si les artistes voient des choses que les autres hommes ne voient pas, comment cette “extension des facultés de percevoir” s’étendra-t-elle jusqu’à Dieu ? La contemplation de l’artiste, cette “contemplation idéaliste” dont nous parle Bergson peut bien le délivrer de certains asservissements matériels, parce qu’elle va tout droit au cœur des choses, mais, d ’abord, pour cela elle exige le cœur de l’artiste; dès lors elle s’y charge de beaucoup trop de passion pour qu’on puisse raisonnablement espérer qu’elle passe et conduise au-delà de ses propres et premiers objets: cette musique, cette grande fête du monde sensible dans lequel nous vivons et auquel nous sommes déjà accordés par toutes les fibres de notre corps et par le mouvement même de notre sang.
Le premier Parizeau du Canada était venu de France en 1650 parmi ces soldats que le Prince de Carignan levait sur ses terres dans la région de Rodez. Son temps fini il s'établit à la Pointe-aux-Trembles et s'y maria. Quelques années plus tard il se fit tuer bravement par les Iroquois au combat de la Coulée Jean-Groulx : sa veuve et ses enfants passèrent sur la rive gauche du fleuve. En I860, le grand-père de notre ami, Damase Parizeau vint, de Boucherville, s'établir à Montréal : il avait un commerce de bois de construction, et sa femme était elle-même la fille d'un entrepreneur de charpentes.
Mais l’artiste n’est pas seulement un contemplatif et un témoin passionné de la beauté du monde; il est aussi comme un créateur; cette harmonie préétablie qui accorde notre esprit et nos sens à tout l’ordre, à toute la beauté du monde est en lui féconde et active; quand elle est éveillée elle se prend à chanter certaines chansons dans lesquelles il y a beaucoup plus qu’un écho : la beauté des choses y chante sur des rythmes nouveaux, sur des airs inventés.
La beauté, dans quelque ordre qu’elle se réalise, nous prend au cœur par la joie qu’elle met en nous, avant même que nous ayons conscience de l’aimer, car ce qu’elle éveille en nous, c’est une certaine harmonie native, mais latente, une harmonie dormante qui ne demande guère pour s’éveiller que l’appel d’une beauté qui lui soit extérieure mais qui, rien qu’en parlant, lui soit déjà une réponse.