Rien ne doit nous obliger à reconstruire Notre-Dame de Paris au pas de course. Si j'étais Présidente, je préférerais être celle qui reconstruit l'éternité plutôt que celle qui regrette cinq années de son temps. S'attarder c'est s'éterniser, et c'est déjà un avant-goût d'éternité.
Comme la mort donne du prix à la vie, la ruine donne de la valeur à l’œuvre des hommes.
Ce qui nous crève le coeur, en réalité, est certainement lié à l'idée que les gestes des hommes soient partis en fumée ; leur oeuvre, les mille heures autant que leur esprit, les mille âmes. Nous sommes orphelins d'eux, de leurs méthodes, de leurs outils et de leurs mains. A présent, il me paraît crucial de savoir agir en dépositaires d'un savoir-faire, en héritiers.
Notre Dame de Paris est anonyme. Les mille âmes des bâtisseurs n'ont pas de nom et c'est sans aucun doute la raison pour laquelle on lui reconnaît cette valeur d'universalité que l'incendie a révélée. Elle est à tout le monde car elle n'est signée de personne.
Lorsqu'on cherche à reproduire ou à imiter une chose du passé, on a l'impression d'être pris en flagrant délit de trahison du présent. (...) Le geste n'a plus rien d'un archaïsme s'il résonne dans le présent en même temps qu'il lui apporte des solutions.
Le patrimoine se range du côté du passé et des fous. Comme s'il n'était plus vivant, désincarné, et comme s'il sortait ainsi définitivement du champ de la créativité.
S'attarder c'est s'éterniser, et c'est déjà un avant-goût d'éternité.
La seule course qui vaille est celle vers le ciel.