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Citation de victoryhelene


Il patienta deux longues minutes que les cuivres éclatent et l'éclaboussent. Alors, sa main gauche attaqua le clavier et tint l'orchestre en respect, fermement d'abord, puis fiévreusement jusqu'au heurt avec les instruments. Ce fut le début de la lutte entre le soliste et la masse orchestrale. De la seule main gauche, de la main des mauvais présages, sortit la musique la plus noire qu'ait écrite Ravel, musique pour un monde issu de la guerre et voué à un prochain désastre.
Bombardé par les percussions, soufflé par les cordes, le pianiste regagnait inlassablement le terrain qu'il avait concédé. Un instant, l'on voyait la lune se lever, paisible, sur un champ de ruines. Puis le combat reprenait, jamais gagné, jamais perdu, et des sonorités en provenance du Nouveau Monde, rafales de jazz ou mélopée nègre, ajoutaient au chaos de cet étrange concerto. [...] Puis il y eut un moment de grâce où Wiener, dans un long solo, put s'abandonner à sa nature rêveuse et poétique et croire enfin à la douceur des choses, tout en se jouant de la difficulté technique redoutable de la partition. Mais l'orchestre refit sournoisement surface et, au final, cordes et cuivres lui infligèrent trois gifles magistrales tandis que les percussions le mitraillaient . Wiener laissa alors retomber son bras gauche, terrassé.
Il y eut une seconde de stupeur, puis les applaudissements éclatèrent.
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