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Critiques de Marie Christine Bernard (7)
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Apocalypse Nord

Recueil collectif de sept nouvelles de science-fiction québécoise, centré sur la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, par des auteur·ices issu·es de la région.



(Note pour les non-Québécois·es : le Saguenay-Lac-Saint-Jean est la région québécoise la plus au nord encore densément peuplée et accessible par la route, mais si vous essayez de la situer sur une carte, vous constaterez qu'on est encore loin du Grand Nord...)



Habituellement, les collectifs me laissent une impression mitigée, parce qu'ils ont tendance à être inégaux en qualité. On n'y échappe pas complètement ici, mais même si certaines nouvelles sortent un peu moins du lot, la qualité de l'ensemble est bien meilleure que ce je retrouve généralement dans ce genre de recueil. J'avais peur également qu'on soit uniquement sur du post-apo bien plombant, mais non : même si les futurs décrits ne sont pas roses, on trouve une belle variété d'ambiances et de thèmes traités (avec une bonne place faite aux peuples autochtones).



J'ai retrouvé avec plaisir Into White, ma nouvelle favorite du recueil d'Élisabeth Vonarburg, La femme aux semelles du temps. Mais la plus grande réussite de ce recueil, c'est la nouvelle de Dave Côté : l'auteur imagine qu'avec le réchauffement climatique, l'accent du Lac se met à fondre aussi, pour le plus grand malheur des habitant·es qui cherchent des solutions singulières afin de le récupérer... Un bel hymne à l'identité régionale porté par une narration ingénieuse, avec au passage un bon gros taquet dans la gueule des racistes de tout poil, jamais inutile par les temps qui courent. Génial!
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Mademoiselle Personne

Le coeur de l’histoire, cette femme qui attend le retour d’un bateau et de son capitaine, n’est peut-être pas original, mais elle est tellement originale, Céleste, et les gens qui l’entourent forment une telle galerie de personnages qu’on se laisse prendre au charme. Le roman est en outre divisé en quatre parties, quatre voix qui racontent chacune leur part de l’histoire, leur vérité, leurs sentiments.



Il y a d’abord Justin, l’aspirant journaliste, venu de Montréal en 1941 faire son apprentissage en Gaspésie. Il est immédiatement tombé amoureux de Céleste et a tenté de deviner son histoire.



Will McBrearty, l’Irlandais revenu de la Grande Guerre au Canada, le deuxième narrateur, avait su conquérir le coeur de Céleste en radoubant son bateau, la Lady Céleste. Mais il n’est jamais revenu de sa première expédition à la tête de la goélette.



Ensuite c’est au tour d’Emile Bourgeois, l’ami d’enfance de la jeune femme, de faire entendre sa voix, ses espérances, son ambition dévorante, sa jalousie envers Marie, l’Indienne qui s’occupe si bien de Céleste, et finalement sa patience si mal récompensée.



Enfin c’est Céleste elle-même qui livre sa vérité à un interlocuteur mystérieux, et lui raconte sa passion pour la mer, pour son père, pour ce bateau qui porte son prénom.



Quatre voix qui dessinent entre 1923 et 1945 un récit traversé par le vent, des tempêtes aussi rapides et imprévisibles que le squall, dans l’odeur du varech, à l’ombre d’un phare, sur une terre où les petits pêcheurs perdent petit à petit leur travail au profit des forestiers, et où les Indiens Micmacs, les premiers occupants de la Gaspésie, ont été relégués dans l’Anse-aux-Indiens. Mais leur culture est toujours bien présente aux yeux de la romancière, Marie-Christine Bernard, à travers le personnage de Marie, l’influence de quelques légendes anciennes et dans les sous-titres de chaque partie, rédigés en micmac.



Le charme de ce roman tient aussi pour moi au plaisir de découvrir des expressions typiquement québecquoises, puisque le roman est édité là-bas, mais surtout à son écriture : légère, fluide, poétique et fantasque comme Céleste, peuplée de vent et de craquements de bateaux, de violence et de tendresse, nourrie d’une attente impossible.



Un roman lumineux, comme son héroïne.
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Monsieur Julot

Quand on travaille de près avec les personnes touchées par le cancer, même si ce n’est pas à titre de membre du personnel médical, on ne fait pas exprès pour se plonger dans des livres qui traitent de cette maladie qui touchera près de deux Canadiens sur trois au cours de sa vie.



Mais il arrive qu’on passe outre, que ce qu’on a lu au sujet d’un livre nous pousse à aller y voir de plus près, nonobstant le sujet. Et même s’il est abondamment question de cancer dans Monsieur Julot, la narratrice devant affronter une nouvelle batterie de traitements afin d’en finir, une fois pour toutes espère-t-elle, avec le cancer qui s’est attaqué à elle pour la deuxième fois, il est beaucoup question d’amour, des liens pas toujours évidents qui unissent les êtres humains et la difficulté de vivre avec un secret toute sa vie.



Véronique ne s’attendait pas à être aux prises avec le cancer à nouveau. Et si elle raconte à la fois son combat, son quotidien auprès des siens, pour elle comme pour eux, au « je », il ne s’agit pas que d’elle, mais aussi de celle qu’elle avait croisée lors de ses précédents traitements. Marie-Louise, qui a atteint un âge vénérable, ne va pas s’en sortir cette fois et, au seuil de la mort, raconte sa vie à Véronique et lui parle notamment de ce fils adoptif qui ne vient pas la voir.



Sur un coup de tête, Véronique décide de lui écrire afin qu’il vienne visiter sa tante, qui l’a élevé. Et ce qui est d’abord un cri du cœur devient une longue correspondance entre Véronique et un être totalement muet. Car Henri (Julot) ne répond pas. Même si elle en fait son confident et lui parle de sa maladie, de son fils, de tout ce qu’elle souhaite. De tout ce qui lui passe par la tête. Sans pudeur. Comme si elle le connaissait depuis toujours, comme elle se confierait à sa meilleure amie, voire à son psy.



Et j’avoue que ça m’a dérangée qu’elle se confie ainsi à un étranger. Beaucoup, même. Mais j’ai fini par me laisser prendre au jeu. Séduite par l’écriture, quelques belles envolées, le sens de la dérision de l’auteure, quelques répliques cinglantes, et son regard extraordinaire sur la vie, la maladie et même la mort.



Marie-Christine Bernard a déjà fait face au cancer. Deux fois plutôt qu’une, comme Véronique. C’est probablement la raison pour laquelle ce qu’elle a écrit est poignant sans être déchirant, parfois drôle en demeurant subtil, juste et sensible.



Monsieur Julot est un beau roman. Un très beau roman. Sur la vie, la maladie, l’amour. Quiconque y entre sera touché et ne regrettera pas son intrusion dans la vie de Véronique et de Marie-Louise. Pas une seconde.
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Matisiwin

La quatrième de couverture brosse à grands traits l’ensemble du livre mais ce n’est pas grave. Limite, ce n’est pas un livre à rebondissements, au contraire il appartient à l’ordre de l’intime, d’une quête à la fois spirituelle et universelle. Suivre le parcours chaotique de Sarah-Mikonic, personnage emblématique du désespoir et de la résilience des jeunes Amérndiens aujourd’hui , découvrir l’histoire de son père, emblème de l’atroce période des pensionnats de missionnaires qui ont arraché les enfants indiens à leurs parents pour les « civiliser » de force, écouter la voix de sa grand-mère qui, du haut des grands arbres où elle repose désormais, lui rappelle la vie originale, originelle de son peuple, c’est rencontrer un peuple particulier (les Atikamekw en l’occurrence) mais aussi se laisser interroger sur notre propre rapport à la nature, à la Terre, à la consommation, au temps qui passe, au vivre ensemble, au respect de la différence.



En lisant Matisiwin, le dernier roman publié de Marie-Christine Bernard, j’ai éprouvé des sentiments mêlés : l’horreur, le dégoût, la tristesse mais aussi une grande sérénité grâce à la voix de la grand-mère, la kokom, qui rappelle avec infiniment de bienveillance la voix des Anciens, la vie, la langue, les coutumes du peuple atikamekw. La langue de la romancière est belle, fluide, très évocatrice, notamment par l’emploi du « tu » qui nous plonge plus directement dans ce mode de vie ancestral.



Le seul petit bémol serait peut-être que, à vouloir – comme elle l’explique en fin d’ouvrage – rendre hommage au peuple atikamekw, Marie-Christine Bernard rend celui-ci parfaitement idyllique – un peu trop peut-être ? En même temps, cette lecture m’a fait penser aux écrits de la poétesse innue Joséphine Bacon, aux romans de Naomi Fontaine et de Lucie Lachapelle (et j’ai hâte de lire ceux de Michel Jean sur le sujet) et je ne peux que me réjouir que l’histoire et la place des Premières Nations soient ainsi mises à l’honneur dans la littérature du Canada et du Québec.
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Autoportrait au revolver



Intense.



Oui, si je devais utiliser un mot unique pour commenter le roman de Marie-Christine Bernard « Autoportrait au révolver », intense est ce qui exprime le mieux la sensation éprouvée avec la lecture, sans interruption, des 217 pages que cette diablesse a tissées comme une dentellière.



Mais là où Marie Christine Bernard excelle, c’est dans la sobriété, le non-dit qui contraint le lecteur à combler le silence avec ses propres émotions, avec la douleur de ses cicatrices, avec les souvenirs secrets des blessures de tous ses âges accumulés.



Lorsque j’ai refermé le livre, je suis resté pensive. Muette. Troublée.


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Mademoiselle Personne

Une histoire racontée de quatre points de vue différents. La même histoire, mais quatre récits. C’est très bien écrit, les mots glissent, nous touchent. Les descriptions nous font voir, nous font entendre, nous font sentir. Une belle, et difficile, histoire d’amour à la Évangéline et Gabriel. Une histoire à la fois simple et touchante, que je conseille vraiment. C’est la première fois qu’un roman me donne l’impression d’être au bord de l’océan, dans le vent, avec l’odeur saline qui embaume l’air. Ça fait rêver.
Lien : http://www.libellul.com/?p=471
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Mademoiselle Personne

J'ai eu un peu de mal à me mettre dedans, d'autant que je n'avais aucune idée de ce dont parlait ce livre. Et puis après avoir fini le premier récit, celui de Justin, j'ai compris que je me trouvais devant un livre à 4 voix pour me raconter une histoire d'amour, un destin, osons le mot, tragique. Je me suis alors laissée porter par les vagues, l'atmosphère salée, au coeur de cette très belle histoire écrite sans pudibonderie. J'ai finalement beaucoup aimé ce livre qui a su me dépayser, m'emmener au Canada dans ce village de pêcheur. J'ai apprécié l'écriture à la fois simple et touchante.
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