Marie-Claude Denys

Et ce qu’il voulait tant transmettre, je vous le confie : le droit à son humanité, à toute son humanité, et le devoir d’en faire quelque chose de lumineux. De lumineux.

Les barrières du temps ne sont rien quand il s’agit des liens du sang. En fait, il est curieux de constater qu’après cette longue histoire de l’humanité, le clan n’a jamais perdu ni de son importance ni de son pouvoir. À vrai dire, cela a quelque chose de réconfortant.

Porter un tel poids et ne jamais en parler. Les humains sont ainsi faits qu’ils préfèrent garder le silence et souffrir davantage que s’ils s’épanchaient. Ils pourraient sautiller, vêtus légèrement, mais ils tentent plutôt ce mouvement empêtrés dans une armure. Comme quoi ils tendent toujours vers la liberté tout en ignorant les moyens de l’atteindre.

Ils étaient là très exactement pour secouer Will et l’amener à reconnaître que sa vie lui échappait à cause de sa consommation. Et voilà qu’il acceptait de trinquer avec lui ! Mais ce soir-là, Nico sentait que c’était le geste à poser comme il avait senti que c’était la parole à dire. Les plus grandes amitiés naissent de ce genre d’écoute.

Il s’imaginait vivre à cette période bénie où les femmes s’occupaient des enfants et où les guerriers les protégeaient. Il les accompagnait dans leurs activités quotidiennes ou artistiques. Il travaillait l’or, insouciant de la valeur que lui accorderaient les conquistadors, simplement reconnaissant aux dieux de donner ce matériau magnifique à son peuple. Mais tôt ou tard, le temps de la naïveté cessait.

Ce ne sont jamais les défunts qui mettent en place ce que l’on nomme malédictions. Ces dernières sont en réalité composées d’émotions brutes, qui furent intenses et réprimées et deviennent conséquemment des entités autonomes, indépendantes de nous, mais nous liant à elles, réclamant à ce point de vivre qu’elles s’abreuvent à d’autres vies. Elles ressemblent aux vampires qui sucent la sève des êtres humains aux jugulaires, vivent tapis dans le secret des nuits, mais s’évanouissent, lorsqu’ils sont mis en lumière.

Les êtres humains ont besoin d’explication, et quand on n’a pas la bonne, on en invente une.

Ils se font des petites réunions où ils rient de tel ou tel parent, où ils disent : « Ça s’peut-tu agir de même ! Moi, j’aurais fait bla-bla-bla. C’est pas compliqué à comprendre, me semble ! » Ils n’aiment pas les gens avec qui ils interviennent. Ils aiment leur propre bon sens, leur propre jugement, leur propre pseudoperfection. Ils feraient tellement mieux s’ils étaient à la place des caves assis devant eux.

Il y a des règles non écrites dans la vie, qu’il faut respecter.

Élever ceux qu’on aime et les voir s’enfoncer, comme bâtir une cathédrale le clocher sous terre. Quel insupportable paradoxe !

Nous ne sommes pas dans un PowerPoint ! La réalité est plus complexe. Et puis, les directs dans les dents, il faut laisser ça aux intervenants expérimentés, qui les décochent pour faire avancer les choses et non pour écraser l’autre.

Je n’ai aucun problème à établir une relation de confiance avec mes filles et je sais toujours quand elles me mentent. J’ai un sixième sens pour ça.

À l’école, ils savent plus quoi inventer. La réforme, les bulletins pas de notes, les jeunes qui doublent plus, y enlèvent la religion pis l’éduc, y mettent des Bouddhas pis des turbans pis y nous arrivent avec des déficits d’attention. Bullshit !

La rogne née de l’humiliation fit pencher vers la droite ; la bile provoquée par la démagogie fit pencher vers la gauche. Le sentiment d’injustice, d’un côté comme de l’autre. Finalement, le coq le plus fort laissa gagner l’autre.

Dans la même veine, il faudrait aimer davantage les enfants allergiques parce que je trouve que ça n’a aucun bon sens de priver un enfant d’arachides et de le condamner à traîner de l’Épipen. Les enfants et le beurre de peanut, ça va ensemble. On n’a pas le droit de les séparer !

Il faut entendre les motivations de chacun des membres, leurs désirs, leurs peurs, leurs rêves déchus, leurs drames et leurs espoirs. Sans écoute, sans compréhension, tout le monde reste sur ses positions et même se rigidifie.

La famille est un clan et ses membres se doivent en quelque sorte fidélité. C’est pour ça qu’on n’entre pas dans une famille en voulant tout chambarder ou établir de nouvelles lois.

Chez nous, c’était ce que les siens avaient en commun, leur univers à eux qui ne concernait personne d’autre, leur territoire sacré, leur asile. Chez nous, ce ne pouvait pas être là-bas, jamais, c’était ici, tout près.

La nature est juste, que veux-tu ! Il y a un manque au niveau de nos synapses, mais c’est compensé par un surplus dans nos culottes.

On ne se lasse pas de regarder les flocons tomber. Ils font partie de ces petits éléments qui montrent que l’univers est un chef-d’œuvre.