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Citation de VALENTYNE


Ça m’avait échappé : je pleurais. Mes mains se sont empressées de balayer la fuite. J’ai ravalé le reste de mes larmes pour plus tard.
Margot, qui a cru que c’était pour elle que je m’en faisais, s’est redressée pour me prouver que tout allait bien et que ça ne faisait pas mal. Mais son petit visage qui commençait à se crisper, en silence, montrait que l’anesthésiant ne gagnerait plus longtemps sur la douleur. Ce quiproquo pourtant m’arrangeait bien : je ne pouvais quand même pas lui dire que Fred venait de mourir, vingt ans après sa bataille contre l’ours. Elle avait déjà peur des chiens. Autant qu’ elle aimait les chats.
Les petites formules creuses par lesquelles on console sont demeurées coincées quelque part dans le gosier de ma mère, si bien que je ne les ai pas entendues. Elle avait cependant trouvé,comme toujours, un moyen de se faire entendre du fond de sa maladresse.
– Y a pas école cet après-midi ! Pour tout le monde.

– Pourquoi ? a demandé Jeanne qui a toujours besoin d’un support rationnel.

– Parce que c’est la journée internationale des Dallaire, a répondu ma mère qui connaissait sa fille mieux que personne.

– Hein ? Aujourd’hui ? Comment ça ? Depuis quand ?

– Depuis toujours, avant on le fêtait pas. C’est toute.

On était le 17 avril. Personne de notre famille n’a plus jamais remis les pieds à l’école un 17 avril. Ma mère nous préparait même, chaque année, des billets d’absence officiels,sceau à l’appui, que mon père signait de ses grandes lettres toutes droites, régulièrement formées, disciplinées à bien se tenir entre les lignes, même celles imaginaires des feuilles blanches.
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