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Citation de hcdahlem


Un soir, cachée dans l’obscurité d’un bois, perdue et sans attache, sans recherche, (avais-je même un corps?) j’ai entendu des voix qui s’éparpillaient au milieu des feuillages. 
Elles m’ont sortie du demi-sommeil où ma vie somnolait, ces voix, et m’ont embarquée dans un mouvement qui me dépasse et dont j’ignore la cause. 
Ce que je vais te dire, maintenant, ce que j’ai vu alors, lorsque je suis sortie de ma nuit et que j’ai fait un pas à travers les branchages, lorsque les mots que j’avais perçus sont devenus des voix, c’est cela. 
Ne vous rongez pas, les hommes, ne soyez pas mortifiés comme vous l’êtes, à vous bouffer la barbe et à vous tordre les doigts ! La voilà morte, c’est vrai, mais il n’y a plus rien à faire, rien de rien. 
C’était une femme assise par terre, près d’un feu, qui parlait. 
Un homme à la barbe et aux yeux noirs, assis en face d’elle, a répondu : 
Nous, nous, on ne va pas crever ici comme des chiens, on a droit à la terre, et à un lit, à quelque chose de digne, on a le droit de ne pas crever comme ça ! 
Ses mots sortaient de sa bouche comme des crachats, ses yeux allaient furieusement du feu à une boîte en bois, dans laquelle était assis le corps d’une très vieille femme. 
Il a continué: Le feu je l’ai le feu, et pas seulement devant ma putain de tente, le feu je l’ai partout et il va falloir qu’il se passe quelque chose avant que je me transforme en torche vivante! 
Il s’est mis à taper la cendre avec sa chaussure. Les toutes petites braises se sont éteintes sous les coups de semelle, étouffées. 
Calme, calme, a dit un autre homme que je ne voyais pas, tu te ferais brûler que personne ne ferait attention, il faut déjà trouver l’endroit, là où il peut y avoir de l’émotion, où on va te regarder, sinon, à quoi ça sert. 
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