’ai entendu les phrases assassines, les diktats pontifiants : « les femmes prennent sept kilos en moyenne à la ménopause.. ». Les découragements des copines, minaudant pour un chocolat : » On doit faire attention, à nos âges… ».Quelques années auparavant, le mot de quarantaine sonnait déjà comme une mise à l’écart suspicieuse, pour se garder d’une possible contagion. La cinquantaine la suivrait dans un bruit terrifiant de crécelle, ce hochet bruyant des lépreux. La soixantaine. Elle frapperait le glas des illusions. Autant s’y faire, la vieillesse ne s’arrangeait pas avec l’âge. Vieillir, c’était mourir à tout enchantement. Je me suis réfugiée dans tous les magazines qui m’assuraient pour quinze balles que cinquante ans c’est merveilleux. Que soixante ans sera meilleur encore. Et qu’à soixante-dix ans ce sera la fête pour de vrai. Ils n’osaient pas titrer : « Vivement qu’on soit mort ».