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Citation de Cielvariable


Il était doux avec moi. Très doux. Ses mains étaient
comme de la ouate sur ma peau. Il me touchait à peine,
préférant me frôler. Il avait peur de rater son coup, ça se
sentait, alors il se faisait aussi mielleux qu’il le pouvait.
J’aime quand ils font attention. Ça me donne l’impression
qu’ils me respectent, qu’ils ont peur de me brusquer et que
je me sauve en courant dans un autre pays, dans une autre
galaxie. J’aime penser qu’on tient à moi. Ma mère, j’ai toujours
pensé qu’elle ne tenait pas à moi. J’ai toujours pensé
que, parce qu’elle se réfugiait trop souvent quelque part
dans sa tête où je n’avais pas accès, elle ne tenait pas à moi.
Ma mère pouvait passer des semaines comme ça, dans sa
tête, à me regarder avec ses yeux bleus braqués sur moi,
sans expression, ses yeux remplis de dépression qui me
rendaient malade. Des semaines ainsi, assise sur sa chaise
berçante sans se bercer, à me regarder. Sans parler. Aucun
mot. Le silence. Que le bruit du réfrigérateur, que le bruit
du chauffe-eau du monsieur d’en haut, que le bruit des
coquerelles qui courent sur mes feuilles à dessins éparpillées
un peu partout dans la cuisine. Mais aucune parole
réconfortante, rassurante sortant de sa bouche. Non. Et
moi, assise par terre, à ses pieds, je lui racontais des histoires
à l’aide de mes poupées ou de mes petits bonshommes
Fisher Price; des histoires qu’elle ne comprenait
même pas à cause de ses maudites hormones défectueuses,
ses maudites hormones passées date.
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