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EAN : 9782764602218
157 pages
Boréal (12/04/2003)
3.57/5   127 notes
Résumé :
Je suis borderline. J'ai un problème de limites. Je ne fais pas de différence entre l'extérieur et l'intérieur. C'est à cause de ma peau qui est à l'envers. C'est à cause de mes nerfs qui sont à fleur de peau. Tout le monde peut voir à l'intérieur de moi, j'ai l'impression. Je suis transparente. D'ailleurs, tellement transparente qu'il faut que je crie pour qu'on me voie.
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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« Je suis si jeune pour être triste. Trop jeune. Vingt-six ans. Mais c'est comme si j'en avais cent tellement ma vie est lourde à traîner. » (p. 151) Sissi est une jeune femme atrocement seule. Solitaire. Isolée. Abandonnée. Elle a grandi entre une mère folle et suicidaire et une grand-mère autoritaire et assez peu bienveillante. Son manque d'amour est insondable, alors elle se donne à tout va. « Mais par-dessus tout, ce dont j'ai le plus peur, c'est de ne pas être aimée. Alors j'ouvre mes jambes afin de voir le ciel ou mon petit bout de paradis. […] Je m'aime si peu, alors que m'importe d'ouvrir les jambes pour tous ceux qui semblent m'aimer un peu. » (p. 12) Sissi aime dominer les hommes, prendre le pouvoir à défaut de l'amour. Gare aux hommes – et aux femmes – à qui elle se donne ! « Je suis une castratrice. Une cantatrice de la castration. Je fais un chant de mon corps pour mieux leur couper les bijoux de famille avec mes dents acérées. » (p. 50) Mais derrière cette façade de force et de cruauté se cache une petite fille pleine de peurs qui sont devenues des fantasmes déviants. Sissi attire autant qu'elle effraie. Personne ne peut la sauver et tant pis pour ceux qui s'y risquent. Sissi est borderline. « Je suis une fille de cirque sur un fil d'argent, sans filet, sur le bord de tomber. Les limites sont trop floues, je l'ai déjà dit. Je suis borderline. » (p. 85) Ça n'empêche pas cette belle blonde complètement paumée d'appeler à l'aide, sirène sans promesse, rejetée sur la grève de sa propre existence. « La bouche grande ouverte, j'alerte la terre entière de ma présence. Heille ! Vous autres, je suis là ! Occupez-vous de moi ! Occupez-vous de moi avant que je fasse un malheur. » (p. 117)

J'aurais manifestement dû lire ce roman – premier de l'auteure – avant de lire La brèche. Il permet de comprendre le personnage développé dans ce dernier. Tant pis, tout lecteur a le droit d'être bordélique, borderline. On lit bien ce qu'on veut quand on veut ! Dans Borderline, j'ai retrouvé la même logorrhée, ce même débit infernal : pour ne pas s'entendre, ne pas penser, moins souffrir et moins manquer, Sissi parle encore et encore. Même son silence est tonitruant. Un film a été tiré des deux premiers romans de Marie-Sissi Labrèche, sous le titre de Borderline et produit par Lyne Charlebois. Je vais essayer de mettre les yeux dessus pour renouer avec l'univers si puissant de l'auteure.
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J'ai vraiment aimé, parce que ça me parle, ça me touche, parfois ça me ressemble... Les difficultés de certaines relations humaines, des relations familiales, sa relation avec sa mère et sa grand-mère ; on se fait du mal alors qu'on s'aime. le sexe utilisé comme une violence, comme une arme contre soi en pensant y guérir un profond mal être, un dégoût de la vie. Et une importante ambivalence des émotions qu'on arrive pas à exprimer, à vivre, à laisser couler. Ne pas savoir s'arrêter, ne pas savoir être heureuse... Une certaine inconscience suicidaire, l'auto-destruction parce qu'on arrive pas à s'évader.... L'amour, la haine, de soi, des autres, sont des sentiments parfois si proches.
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La voix de Marie-Sissi Labreche​ en a mis du temps pour parvenir jusqu'à moi. La plume est pourtant directe, cash, percutante, mais c'est loin le Québec. Si vous voulez une lecture agréable bien assis dans votre fauteuil, une prose lénifiante et stable avant de faire dodo, passez votre chemin. Chez Marie-Sissi, ça cogne, un direct, un crochet, un uppercut, et vous êtes ko au bout de quelques lignes.

Voyez plutôt cet incipit (chapitre 1) :
" Rue Sherbrooke.
Je suis couchée sur un lit dans une chambre de l'hôtel Château de l'Argoat. Je suis couchée sur le dos, bien droite. Mes deux mains se tiennent en dessous de mes seins comme les morts dans leur cercueil. D'ailleurs, j'aurais l'air d'une morte dans son cercueil, si ce n'était mes jambes. J'ai les jambes grandes ouvertes, j'ai les jambes presque de chaque côté de mes oreilles tellement elles sont ouvertes. Je viens de me faire baiser."

Oui, le personnage nous le martèle de sa plume acérée : "Je suis borderline. J'ai un problème de limites. Je ne fais pas la différence entre l'extérieur et l'intérieur. C'est à cause de ma peau qui est à l'envers".

Frappe, Sissi, frappe, j'aime quand tu me fais mal ainsi. Rends-moi groggy. Enfonce le clou et continue à danser à poil lors de ta fête d'anniversaire, moi je te regarde, je ne suis pas comme les autres. Moi aussi j'ai la peau à l'envers, parfois, et comme toi j'écris, Sissi.

C'est bien écrit, c'est bien construit, c'est une lecture marquante, c'est ça la vraie littérature contemporaine.
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Les troubles sévères de la personnalité sont-ils héréditaires, innés ou acquis? C'est une question qui me reste après cette lecture où Sissi se débat tant bien que mal contre cette affliction qui lui gâche la vie. Excessive au cube dans tout, et particulièrement la sexualité, elle est néanmoins consciente de ses “écarts” et reste assez lucide pour en trouver la cause, du moins partiellement, dans les comportements toxiques de sa mère et de sa grand-mère. Cela donne un roman coup de poing, d'une grande intensité, mais aussi d'une infinie tristesse par certains aspects.
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Un roman au ton particulier, le langage façon parler à l'écrit peut être rebutant pour certains mais ça m'a plu, j'ai en l'impression qu'une amie me racontait son parcours de Borderline plutôt qu'un roman. Petite note : l'auteure est québécoise est utilise donc cette langue dans son livre, bien qu'il faille sûrement chercher la définition de quelques termes, c'est globalement tout à fait compréhensible.
Le contenu est assez tourné vers le sexuel, c'est très cru et détaillé, parfois trop à mon goût, cela alourdi le récit. Bien qu'il soit autobiographique, cela reste un roman, il lui faut des personnages et une intrigue suffisamment bonne pour maintenir le lecteur en haleine. Sur ce plan je n'ai pas trouvé ça très réussi, ça se lit mais sans plus. Sur l'aspect psychologique en revanche c'est une grande réussite.
L'auteure connait très bien tous les aspects du trouble de la personnalité Borderline car elle en est atteinte et arrive à décrire les comportements que la maladie entraîne, sans toutefois donner d'analyse. Ce petit roman arrive quand même à exprimer l'arborescence du trouble borderline, de l'enfance, des traumatismes, des répercutions sur la vie adulte. Je lui mets la moyenne pour ce point.
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Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Je suis couchée sur le lit dans cette triste chambre d’hôtel
et je pleure. Je pleure comme une débile, je pleure à
m’en expulser les yeux de la tête. Mes larmes sortent
comme des balles de mitraillette, on dirait que je veux
transpercer l’humanité de ma douleur. Je mouille tout et je
tache tout aussi. Mon mascara bon marché, qui se répand
sur ma peau, dessine des drôles de formes dans ma figure,
des drôles de formes qui représentent sur mes joues la
tempête qu’il y a dans ma tête. Parce qu’il y a une tempête
dans ma tête. Oui, oui! Une grosse tempête avec du vent,
de la pluie et même des ouragans. Dès que je ferme les
yeux, c’est El Niño derrière mes paupières, c’est El Niño
avec ses millions de dollars de dégâts, ses milliers de morts
et ses nombreux territoires dévastés. Je m’en veux. Je m’en
veux à mort. Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté de venir ici
et de baiser avec un gars que je n’aime même pas, je ne sais
pas… Enfin, si, un peu. Ses yeux brillent si fort quand il
me regarde… Et ça fait tellement d’années qu’il court
après moi, je me suis dit: Hé! Qu’est-ce que tu as à perdre
en baisant avec lui? Après tout… tu t’es déjà envoyé des mecs
plus vilains que ça! Oui, des mecs beaucoup plus vilains
que ça… Et lui, quand il me regarde avec ses yeux qui roulent
comme des billes, il me donne l’impression que je lui
suis nécessaire. De toute façon, dès qu’un homme me
regarde avec des yeux de merlan frit, je pense que je lui suis
nécessaire et j’ouvre les jambes. C’est devenu un réflexe
comme le test de Rorschach pour ma mère. Ma mère,
c’était une folle. Une vraie folle avec des yeux qui fixent, un
comportement désaxé et des milliers de pilules à prendre
tous les jours. Une vraie folle avec un vrai certificat médical
en bonne et due forme, qui devait passer le test de Rorschach
très souvent, si souvent qu’à la vue d’une tache elle
ne pouvait s’empêcher de dire à quoi ça lui faisait penser:
Une tulipe! Un éléphant! Un nuage! Un utérus éventré! Des
Chinois qui mangent du riz!
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Moi, mes sentiments, c’est impossible de les retenir. Ils débordent de partout, comme du vomi d’un sac en papier. C’est pour cela que je me contrôle très mal. En fait, je ne me contrôle pas du tout : j’explose. Je suis ma propre bombe. C’est Hiroshima en permanence dans ma tête. Après mon passage, c’est les cataclysmes, les hécatombes, les catacombes. Je suis mon pire drame. Et encore pire, c’est que je me suis trouvée avant même de me chercher. Je me suis trouvée et depuis je ne peux plus me débarrasser de moi. Si je pouvais emprunter une vie pour m’y reposer ; me repose de ma façon que j’ai de me coller au cul comme ça. Je me colle tellement au cul que c’en est écoeurant. Une vraie mouche à merde. Il n’y a pas moyen de me sortir de moi. De me sortir… Ah ! Qu’est ce qui se passe ? Je n’ai plus d’alcool dans mon verre. Je n’ai plus rien à boire, merde ! Il faut que je me rende au bar.
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Le vide m’habite. Il s’infiltre dans chacune de mes cellules à une vitesse vertigineuse, il va plus vite que le Faucon millénaire dans Star Wars. Je suis couchée par terre dans le salon, le plancher est froid et me glace le dos. Je m’en fous. Je ne me lèverai pas d’ici. Je n’ai plus envie de bouger. Le vide est tellement lourd.
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D’aussi loin que je me rappelle, ma grand-mère m’a
toujours raconté des niaiseries. Toutes sortes de niaiseries.
Par exemple, quand j’étais tannante, elle avait coutume de
me dire: Si t’es pas gentille, un fifi va entrer par la fenêtre et
te violer ou Je vais te vendre à un vilain qui fera la traite des
Blanches avec toi ou encore Un assassin va venir te découper
en petits morceaux avec un scalpel, c’est ça que tu veux?
Hein? À quatre ans, je n’avais pas droit au croque-mitaine
ou au Bonhomme Sept-Heures, mais au serial killer.
Oui, vraiment… toutes sortes de niaiseries qui m’ont
complètement fucké l’esprit et qui ont fait en sorte que je
me sente nulle à chier. C’est pour ça que maintenant j’ai
peur de tout: les autres; les endroits publics; les endroits
clos; les vaches, parce qu’elles sont tellement grosses (les
baleines, je n’en parle pas); les sorties après neuf heures
quand je suis toute seule; les araignées et leurs grandes
pattes; les mille-pattes et leurs mille pattes; les talons hauts
sur les surfaces inclinées; les psys incompétents; les psys
trop compétents; les transports communs ou privés; les
déménagements; les itinérants qui se promènent avec des
gales qui saignent; les skins avec leurs squeegees qui nous
sautent dessus pour nous laver, même quand on n’a pas de
pare-brise; les étrangers qui ouvrent des dépanneurs et
qui ne comprennent pas quand on veut juste des allumettes;
les bruits fracassants; les craquements de planchers
la nuit; les formulaires à remplir; les comptes à
payer; le gouvernement avec ses tentacules de pieuvre; les
drogues trop fortes qui font halluciner que La Planète des
singes passe sur toutes les chaînes de télé; la viande hachée
à moitié cuite qui saigne encore; les patates pilées Shirrif;
les fantômes sans drap blanc; les mauvais numéros de
téléphone; les violeurs laids comme des poux; les tueurs
laids comme des poux; les terroristes laids comme des
poux qui se camouflent en matantes; les anévrismes qui
vous éclatent dans le cerveau sans crier gare; les streptocoques,
genre de Pacman affamés, et le sida, putain de
maladie. Mais par-dessus tout, ce dont j’ai le plus peur,
c’est de ne pas être aimée. Alors, j’ouvre mes jambes afin
de voir le ciel ou mon petit bout de paradis. J’ouvre les
jambes pour oublier qui je suis, j’ouvre les jambes de
manière à briller comme une petite étoile. Je m’aime si
peu, alors que m’importe d’ouvrir les jambes pour tous
ceux qui semblent m’aimer un peu.
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Il était doux avec moi. Très doux. Ses mains étaient
comme de la ouate sur ma peau. Il me touchait à peine,
préférant me frôler. Il avait peur de rater son coup, ça se
sentait, alors il se faisait aussi mielleux qu’il le pouvait.
J’aime quand ils font attention. Ça me donne l’impression
qu’ils me respectent, qu’ils ont peur de me brusquer et que
je me sauve en courant dans un autre pays, dans une autre
galaxie. J’aime penser qu’on tient à moi. Ma mère, j’ai toujours
pensé qu’elle ne tenait pas à moi. J’ai toujours pensé
que, parce qu’elle se réfugiait trop souvent quelque part
dans sa tête où je n’avais pas accès, elle ne tenait pas à moi.
Ma mère pouvait passer des semaines comme ça, dans sa
tête, à me regarder avec ses yeux bleus braqués sur moi,
sans expression, ses yeux remplis de dépression qui me
rendaient malade. Des semaines ainsi, assise sur sa chaise
berçante sans se bercer, à me regarder. Sans parler. Aucun
mot. Le silence. Que le bruit du réfrigérateur, que le bruit
du chauffe-eau du monsieur d’en haut, que le bruit des
coquerelles qui courent sur mes feuilles à dessins éparpillées
un peu partout dans la cuisine. Mais aucune parole
réconfortante, rassurante sortant de sa bouche. Non. Et
moi, assise par terre, à ses pieds, je lui racontais des histoires
à l’aide de mes poupées ou de mes petits bonshommes
Fisher Price; des histoires qu’elle ne comprenait
même pas à cause de ses maudites hormones défectueuses,
ses maudites hormones passées date.
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Vidéo de Marie-Sissi Labrèche
Con­fi­dences d'écrivaine avec Marie-Sis­si Labrèche, dont le pre­mier roman auto­bi­ographique Bor­der­line (2000) avait fait de grandes vagues et a ensuite été adap­té au ciné­ma. Son roman 225 mil­ligrammes de moi, paru en sep­tem­bre, évoque la trans­mis­sion de l'angoisse. Amélie Boivin Hand­field sera à l'animation.
Avec: Marie-Sissi Labrèche, Auteur·rice Amélie Boivin Handfield, Animateurrice
Livre: 225 milligrammes de moi
Le Site Web du #SalonDuLivreDeMontreal : https://www.salondulivredemontreal.com/
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