Je récupère un paquet dans le placard, déchire le carton avec un peu trop d'enthousiasme et la moitié des pâtes tombent sur la toile cirée, raides comme des Mikado.
- Merde !
- Ce n'est pas bien grave, sourit Mamoun.
Au lieu de les rassembler, je saisis un spaghetti entre le pouce et l'index, machinalement, et je me dis que c'est à ça qu'aurait dû ressembler ma vie : une ligne droite, nette et toute tracée. Je le pose sur la toile cirée, puis, à côté, je place un spaghetti pour Maman, un pour Anaïs et un pour Papa. Je les aligne un à un, collés les uns aux autres.
- C'est quoi ce bazar ? demande ma grand-mère, mi-amusée, mi-intriguée par mon expérience.
- C'est ma vie, ce bazar.